Reporté le 12 février dernier à la demande des avocats, le procès du blogueur Abdelmoundji Khelladi s'est enfin tenu, hier, au tribunal de Constantine en présence des amis, activistes du hirak et membres de la famille de l'accusé. Et c'est au terme des plaidoiries du collectif d'avocats composé de six membres qui ont relevé le caractère abusif des accusations qui seraient, selon eux, à l'antipode d'un principe consacré par la Constitution, la liberté d'expression en l'occurrence, qu'une peine de deux années de prison ferme assortie d'une amende a été requise contre Abdelmoundji Khelladi par le procureur. Il faut savoir que l'accusé avait été libéré sans être jugé après trois mois de détention le 2 janvier dernier, après avoir été arrêté par des policiers en civil, le 4 octobre 2019, lors de la 33e marche populaire du vendredi à Constantine. Le blogueur a été placé, aussitôt, sous mandat de dépôt par le juge d'instruction de la troisième chambre du tribunal de Constantine qui l'a inculpé de lourdes charges. La chambre d'accusation près la Cour de Constantine, qui a examiné un recours introduit par ses avocats contre sa mise sous mandat de dépôt, a confirmé, en date du 15 octobre 2019, l'ordonnance du juge d'instruction portant détention préventive de l'accusé, laquelle ne sera levée que le 2 janvier dernier avec la libération de près de 70 activistes. Poursuivi donc pour atteinte à l'intégrité du territoire national et propagande nuisible à l'intérêt national en vertu des articles 79 et 96 du code pénal, il encourait entre 1 et 10 ans de prison et 6 mois à 3 ans en sus des amendes. Le tribunal peut prononcer, en outre, dans les deux cas, la peine de l'interdiction des droits énoncés à l'article 14 du code pénal et l'interdiction de séjour. Abdelmoundji Khelladi, qui est un assidu des marches du vendredi depuis le 22 février 2019, s'était distingué par ses publications sur les réseaux sociaux et animait un blog relayant des informations, images et vidéos traitant principalement du hirak. Et ce sont précisément ces publications qui seraient à l'origine de son inculpation. L'affaire est mise en délibéré pour le 1er avril prochain.