Interdiction des marches et des rassemblements, fermeture des frontières terrestres et des mosquées, interdiction des exportations des produits stratégiques, mise en garde contre les spéculateurs qui tenteraient de profiter de la conjoncture… sont entre autres mesures annoncées hier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dans son discours à la nation. Dans son premier discours à la nation depuis son arrivée au pouvoir, le chef de l'Etat a énuméré, hier en début de soirée, les principales décisions prises par les autorités pour faire face à la propagation du coronavirus qui, révèle-t-il, "est passée au niveau 2". Ainsi, le président de la République a annoncé la fermeture des frontières terrestres du pays "de concert avec les pays concernés", l'annulation de tous les vols internationaux ainsi que les liaisons maritimes, et la stérilisation des "transports publics" à travers le pays. Le président de la République a, par ailleurs, annoncé que l'Etat interdisait tous les rassemblements et les marches, "quelle que soit leur appellation". "Nous allons vers des mesures de limitation temporaire des libertés. Mais la vie des Algériens vaut plus que tout le reste", a-t-il encore indiqué. Dans le même sillage, le président de la République annonce la fermeture des mosquées. Outre les décisions politiques, le chef de l'Etat a également annoncé des mesures économiques. En plus du budget supplémentaire dégagé récemment en Conseil des ministres, il a annoncé l'interdiction d'exporter "les produits stratégiques" dont "les produits médicaux" et "la lutte contre la spéculation" créée par des commerçants sur des produits utilisés comme moyens de prévention contre l'épidémie. Il fait sans doute référence à la hausse des prix des masques de protection et des solutions hydroalcooliques et de certains produits alimentaires de première nécessité. Il a également annoncé l'augmentation des "capacités des hôpitaux". Selon lui, actuellement il y a plus de 2 000 lits dans les services de réanimation. Le chef de l'Etat a indiqué que les autorités pouvaient atteindre les 5 000 avec la transformation de "centaines de lits hospitaliers" en "lits de réanimation". Il a rassuré quant à la capacité de mobiliser des moyens de l'armée et l'utilisation "si nécessaire" de certaines infrastructures publiques comme centres de confinement. Il a cité des mosquées et le Palais des expositions. à ceux qui accusent les autorités ne pas avoir fait ce qu'il fallait, Tebboune affirmé que "l'Etat a pris au sérieux la gravité de la situation" et "mobilisé les moyens nécessaires" pour faire face à l'épidémie. Tout en expliquant que les autorités ont agi jusque-là par étapes, il a indiqué que le pays disposait d'un stock de 15,5 millions de masques de protection, de 6 000 appareils de détection, en plus de 15 000 autres en voie d'acquisition. Pour le président de la République, "malgré les efforts", l'Etat "ne pourra pas" éradiquer "seul" cette épidémie. Il en appelle "au civisme, à la solidarité et la compréhension" des citoyens qui doivent "suivre les consignes" des autorités sanitaires. "Il ne faut pas céder à la panique" parce que "la situation est sous contrôle", a-t-il encore martelé. Ce qui ne l'a pas empêché de désigner du doigt ceux qui "diffusent" les "fake news" visant à semer "la zizanie" parmi la population. Il a menacé de poursuites judiciaires contre "ceux qui colportent" des rumeurs qui conduisent "à la panique". Mais en attendant, il dit que les autorités mettaient en place un dispositif de "sensibilisation" et "d'information" visant à informer les Algériens.