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“Soyez prêts à toute éventualité, nous allons sauver l'Algérie et les travailleurs !” L'UGTA met en alerte ses troupes en prévision d'un embrasement social
Hier, les émissaires de la direction centrale de l'UGTA, dépêchés à Constantine, ont harangué la foule avec un discours des plus durs. Jamais, depuis 1992, la littérature de l'UGTA n'a été aussi virulente envers les gouvernements en place, comme ce fut le cas hier à l'auditorium Mohamed-Sedik-Benyahia. L'amphithéâtre s'est avéré exigu devant les milliers de syndicalistes venus, bravant le froid de ces jour-ci, des 17 wilayas de la région est du pays assister au regroupement régional des cadres de l'UGTA. À l'entrée du campus, des bus et des véhicules immatriculés dans différentes wilayas annoncent les couleurs d'une forte mobilisation. Devant l'entrée principale de l'auditorium, un écran géant est installé pour permettre aux dizaines d'invités n'ayant pu trouver de places à l'intérieur de l'amphithéâtre de suivre en direct, sous une fine pluie, l'événement de l'extérieur. La politique gouvernementale aussi bien à travers l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, le programme des privatisations, les zones franches et le recours à la main-d'œuvre asiatique ont été la cible des orateurs. Pour M. Badredine, chargé des dossiers économiques à la place du 1er-Mai, l'Algérie et son gouvernement n'ont pas une politique économique de référence. Chaque ministre dispose d'une. Envers ces derniers, il n'est pas tendre quand il les accuse : “Ce sont des fascistes”, résumant l'idée que se fait le syndicat de la manière avec laquelle sont gérées les affaires du pays depuis quelque temps. Poussant son intransigeance à l'extrême, tout en doutant de la majorité parlementaire, il appelle à barrer la route aux promoteurs de la loi sur les hydrocarbures en usant de tous les moyens avant qu'elle ne passe devant les députés car, toujours selon M. Badredine, une fois le texte à l'APN, il passera. D'ailleurs, c'est animé de ce même état d'esprit que son collègue Bouzidi, en charge des questions sociales à la Centrale, demande à retourner au peuple pour lui demander son avis sur la question à travers un référendum. Comme pour répondre à ceux qui accusent l'UGTA de jouer le jeu des clans, les émissaires de Sidi Saïd tentent de convaincre l'assistance que dans leur bras de fer avec le gouvernement, ils ne sont motivés que par leur élan patriotique. À ce propos, Badredine accuse : “Ce sont de petit politiciens et de petits patriotes”. “Nous, on est de petits politiciens mais de grands patriotes”. Répondant à Benachenhou qu'il qualifie de “chibh wazir”, lequel il y a 20 jours et à partir de la même tribune s'est exprimé sur le projet de loi, Badredine brandit à la foule un document et martèle : “Nous avons dans notre pays des experts. Nous avons parmi nous des cadres qui ont accumulé du savoir et de l'expérience. Ils vous diront tous que cette loi est un danger pour le pays. Notre argumentation est dans ce document et nous rejetons le projet de loi dans sa globalité”. Les émissaires de la Centrale terminent le “regroupement-meeting” par un discours conditionnant les troupes à une rude épreuve avec l'adversaire du jour, le gouvernement. Badredine, au nom de sa direction, demande à la base syndicale de les aider et avertit une salle acquise : “Soyez prêts à toute éventualité. Nous allons sauver l'Algérie et les travailleurs !”. Hier, l'UGTA a donné au moins une réponse claire à l'opinion publique nationale et internationale. Le torchon brûle entre le gouvernement et le principal syndicat du pays. M. K.