Des appels sont lancés au quotidien sur les réseaux sociaux, et les provisions parviennent aux bénévoles qui comptent les distribuer aux plus démunis. Depuis plusieurs jours, des Hirakistes d'Oran ont décidé de remplacer les marches de contestation – sagement suspendues pour raison de coronavirus – par des activités d'utilité publique. Lanceurs d'alerte sur l'urgence de prendre en charge les sans-logis ou de préparer les bureaux de poste pour l'accueil des retraités, ils n'hésitent pas à prendre seaux et balais pour décontaminer les lieux publics, du moins les plus fréquentés, ou à sensibiliser à la nécessité de rester confiné chez soi ou à la manière de se protéger contre le Covid-19. "Le Hirak ne se réduit pas seulement aux marches ou aux manifestations de rue. C'est aussi la certitude qu'il faut agir dans le sens de la préservation de la santé des personnes et aider celles qui sont dans le besoin", a expliqué à Liberté une des animatrices du groupe Solidarité Covid-19 Oran, organisation qui coordonne un certain nombre d'actions à travers les réseaux sociaux. Ce groupe, qui s'appuie sur quelque 80 bénévoles, dont une bonne partie d'étudiants, a réussi à mener à bien quelques actions citoyennes dont la désinfection de lieux publics, la sensibilisation par le geste et la parole à la nécessité de se protéger contre le coronavirus et la conduite à suivre en cas d'apparition des symptômes, la confection du gel hydroalcoolique, suivant la recette de l'Organisation mondiale de la santé, et même des masques avec du papier pour machine à broder. Produits de protection qui seront distribués gratuitement, au moment où certaines pharmacies annoncent la rupture de stocks ou s'adonnent à une spéculation éhontée. "Nous sommes face à une crise sanitaire et nous agissons dans un esprit humanitaire. Ce qui est aussi l'esprit du Hirak", continue notre interlocutrice en rendant hommage aux âmes charitables qui mettent la main à la poche pour prendre part à l'opération solidarité envers les démunis. Car le groupe œuvre également pour réceptionner les denrées alimentaires, stockées dans un local appartenant à une autre activiste, en prévision d'un confinement à la durée indéterminée, qui pourrait être difficile à supporter pour les plus pauvres. Des appels sont lancés au quotidien sur les réseaux sociaux, et les provisions (semoule, pâtes, huile, légumes secs…) parviennent aux bénévoles qui comptent les distribuer aux plus démunis. "Même si le virus est vaincu dans les prochains jours, ces produits seront tout de même distribués aux familles démunies pendant le mois de Ramadhan", rassure notre interlocutrice pour lever toute équivoque. En ces temps de coronavirus, ces activistes pensent également aux SDF qui, s'ils peuvent être les moins susceptibles d'être contaminés en raison de contacts sociaux très limités, doivent pouvoir disposer d'un abri en cas de confinement, de recevoir de la nourriture ou de soins en cas de besoin. "Là aussi, les autorités ont été défaillantes, et nous sommes en train de chercher aux sans-abris un lieu où ils pourraient s'abriter en cas de confinement", continue-t-on du côté de Solidarité Covid-19 Oran, organisation qui refuse de rester les bras croisés face à cette situation de crise.