La présidence tournante de la coordination intercommunale de la wilaya de Béjaïa vient de saluer vivement la décision de l'arrêt de la grève de la faim des détenus du mouvement citoyen de Kabylie. Dans sa déclaration, la CICB tient d'abord à rendre “un vibrant hommage à l'ensemble de la population et en particulier à la jeunesse pour sa formidable mobilisation lors de la marche réprimée du 12 janvier 2003 appuyée d'une grève générale massivement suivie”. Tout en dénonçant énergiquement “le pouvoir dictatorial” pour avoir réprimé “sauvagement” la marche, la CICB tient à saluer “la décision des détenus en grève de la faim depuis le 3 décembre 2002 d'avoir mis fin à leur action héroïque, et réitère son appel aux détenus, incarcérés à la prison d'El-Khemis, en grève de la faim depuis le 31 décembre 2002, de mettre fin à leur action”. Il est à signaler que les détenus grévistes de la faim de Béjaïa ont cessé leur mouvement de protestation dimanche dernier. Les rédacteurs du document ont tenu aussi à “dénoncer l'instrumentalisation de la justice, annexe du ministre de l'Intérieur, qui s'est traduite par des harcèlements et des intimidations ciblant individuellement et sélectivement des délégués du mouvement citoyen”. Une manœuvre qui vise, selon le document de la CICB, à semer la suspicion et à faire taire les voix contestataires émanant de la société. La CICB “réaffirme son engagement à poursuivre le combat jusqu'à la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur”. Par ailleurs, des parents de martyrs, de détenus et de citoyens de la commune d'Akbou ont lancé, conjointement, un appel pour “la libération des détenus”. “Nous interpellons le premier magistrat du pays à procéder à la libération immédiate et inconditionnelle de l'ensemble des détenus du Printemps noir et à s'engager publiquement et solennellement à satisfaire la plate-forme d'El-Kseur”. Il est à signaler qu'une réunion de parents de victimes est programmée pour dimanche prochain au centre culturel d'El-Kseur. L. O. LES DETENUS ET LES DELEGUES DEVANT LES JUGES DÈS CE SAMEDI De lourds chefs d'inculpationll C'est à compter de ce samedi que des délégués, détenus ou en liberté provisoire, seront présentés devant les juges à Azazga et Tizi Ouzou, pour instruction pour certains et jugement pour les autres. Samedi, ce sera la procédure de l'instruction qui se poursuivra pour les détenus dont les affaires relèvent du territoire d'Azazga, et dimanche, c'est le procès d'autres délégués pour d'anciennes affaires datant du 26 mars dernier, lors de la vague de répression de Zerhouni qui s'était abattue sur la Kabylie et sur le mouvement citoyen en particulier, marquée par des arrestations de délégués et l'interdiction de toute manifestation publique. Mardi, Belaïd Abrika, Mohamed Nekkah, Rachid Allouache, Yazid Kaci et d'autres seront présentés à leur tour devant le juge d'instruction au tribunal de Tizi Ouzou pour répondre de chefs d'inculpation datant également de mars dernier, les anciens mandats d'arrêt pour les détenus et les délégués recherchés — pour lesquels Bouteflika avait pourtant accordé une grâce — sont curieusement réactivés. Mercredi, les mêmes délégués répondront d'autres accusations inhérentes à des faits récents mais dont le dossier n'est pas pour autant moins chargé. Il s'agit, entre autres, de “destruction de biens publics”, “incendie volontaire”, “perturbation des élections”, “vol des urnes”, “outrage à corps constitué”, “incitation à attroupement”, etc. K. S.