Vendeurs ambulants et autres commerçants de la ville, sans oublier les habitants, déversent sans gêne aucune toutes sortes de détritus à même les trottoirs et la chaussée. Les moustiques et autres bestioles se chargent du reste. Qui l'eût cru ! Batna, capitale des Aurès, une ville, dégringole au rang du vil. Récompensée à plusieurs reprises pour sa beauté et sa propreté durant les année 1970 et 1980, Batna concourt, de nos jours, dans un autre chapitre hélas, celui de la ville la plus sale du pays. Pas une rue, pas un quartier, pas une cité n'échappent aux décharges à ciel ouvert. Les conteneurs (poubelles) déposés à travers la ville et sa banlieue semblent n'être d'aucune utilité. Les habitants des différentes cités préfèrent jeter leurs déchets ménagers à même le sol, à gauche, à droite, derrière, devant, mais rarement à l'intérieur de l'espace réservé. S'ajoute à cela la lenteur du ramassage et le matériel inadéquat, des tracteurs équipés de bennes. Les sachets souvent éventrés tombent comme d'un semoir, et les mêmes sachets noirs semblent pousser du sol, tel un vulgaire légume indigeste, omniprésent, jusqu'au centre-ville épargné, dans un passé proche. Les différentes cités 1 020, 1 200, 500, 742… (ah ! la beauté des chiffres ! jamais de nom) ont un dénominateur commun, l'insalubrité. A la cité SAE (normalement cité Amirouche) un groupe de trois enfants a échappé à une mort certaine après avoir mangé du pâté de poulet trouvé dans une décharge. Qui est responsable ? Où sont les services d'hygiène ? La direction de la santé ? Les contrôles ? il ne s'agit point d'investigation, les responsables sont connus : les cheveux viennent de chez le coiffeur, les œufs et les gâteaux pourris de chez le pâtissier du coin, et les viandes… mais les coupables n'ont pas à s'inquiéter. Aucun signe d'amélioration, encore moins de recul, bien au contraire, d'autres éléments s'ajoutent, aussi négatifs les uns que les autres. Par une chaleur de plus de 40°, des vendeurs de sardines, ramenées on ne sait d'où, s'installent avec leurs cageots à proximité de ces mêmes décharges. Les vendeurs ambulants de fruits trouvent leur bonheur, et en toute quiétude, fourguent leurs marchandises. Ils ont squatté la ville. La santé du citoyen est leur dernier souci, dès lors que ce même citoyen ne s'en inquiète point. Des œufs, conservés dans des garages au lieu de chambres froides, des tripes, recouvertes de poussière, accrochées à l'air libre, trouvent preneur. A l'approche de la visite du président de la République dans la capitale des Aurès, des coups de chaux sont donnés aux arbres, aux murs… mais juste sur l'itinéraire du cortège présidentiel. Ce n'est qu'un maquillage. Les moustiques continueront de sévir hiver comme été, et les décharges, origines de tous les maux, resteront l'unique décor des quartiers oubliés par les services concernés. Les nouvelles pollutions ne sont pas en reste. Les salles des fêtes sont en fait des salles de bruit et de gain facile, où les coups de feu sont permis jusqu'à l'aube, les klaxons à volonté et les accidents aussi. R. HAMATOU