Depuis le début du Ramadhan, la police d'Oran a engagé 2937 actions judiciaires contre des contrevenants au confinement sanitaire et mis en fourrière 188 véhicules et 135 motocycles. C'est ce qu'annonce un bilan rendu public dimanche par la cellule de communication de la Sûreté de la wilaya d'Oran. Pourtant, le couvre-feu qui interdit la circulation entre 17h et 7h continue d'être transgressé, de jour comme de nuit. Il n'est pas rare, en effet, de rencontrer des amateurs de course à pied, parfois en groupes, galopant le long du boulevard du 19-Mars qui s'étend du rond-point Zabana jusqu'à Seddikia, en surplomb de la frange maritime, comme il est fréquent de croiser des joggeurs trottant à l'orée de la 4e rocade désertée par les véhicules. Pour ces sportifs comme pour de nombreux autres citoyens, qui n'hésitent pas à sortir prendre le frais dans les limites de leurs quartiers respectifs, le couvre-feu imposé par les autorités et le risque de contracter le coronavirus – ou de le transmettre à autrui – ne suffisent pas à les convaincre de rester à la maison. "Les contrevenants au confinement sanitaire risquent une amende de 20 000 DA et, pourtant, des gens continuent de sortir. Je ne comprends pas", s'interroge un agent de police à un barrage près du rond-point Zabana, en louant la sagesse de l'écrasante majorité de la population qui respecte cette mesure de prévention contre la propagation du Covid-19. Après la rupture du jeûne, les artères principales et les lieux publics sont déserts, si l'on excepte quelques jeunes qui se hasardent à braver le couvre-feu au risque de se faire prendre par les rondes de police. Dimanche, peu après 22h, un jeune homme qui descendait de la passerelle reliant l'esplanade de Sidi M'hamed au Front de mer a eu la désagréable surprise d'être interpellé par des policiers de passage dans un fourgon. Un peu plus loin, rue Larbi-Ben M'hidi, à la hauteur du jardin de Miramar, une patrouille de la BRI interpellait deux adolescents et procédait à une fouille corporelle, probablement à la recherche de substances illicites. Et un peu partout dans le centre-ville, des barrages de police vérifiaient que les véhicules en circulation étaient dûment autorisés par les services de la wilaya. Malgré ces dispositions quotidiennes, force est de constater qu'il est difficile de faire respecter le couvre-feu, particulièrement en plein Ramadhan. Et si la situation ne semble pas préoccupante dans le centre-ville, elle est franchement inquiétante dans les quartiers populaires et les zones périphériques où il arrive que même les enfants sortent jouer dans la rue. Deux mois après l'apparition de la maladie en Algérie, malgré les statistiques de son évolution et les appels au confinement, le coronavirus reste une notion abstraite dans l'esprit d'une partie de la population oranaise qui ne semble pas mesurer le danger. La faute, en grande partie, aux pouvoirs publics qui n'ont pas su transmettre le message, selon Mohamed Mebtoul. Défendant la prévention de proximité, le sociologue estime impératif que "le politique redonne un tout autre sens à la prévention de proximité (…) pour s'orienter progressivement vers la production sociale d'une culture du risque". Autrement dit, construire la notion de responsabilité collective pour amener les citoyens à s'impliquer dans la lutte contre le Covid-19. Par ailleurs, à Aïn Defla, bien que le nombre de contaminés au coronavirus demeure inquiétant, puisqu'il grimpe sensiblement de jour en jour, la population locale ne semble, en aucun cas, prendre la situation au sérieux. Le constat fait à cet effet est alarmant, et l'ignorance des mesures de protection et de sécurité instaurées afin de faire face à la propagation de la pandémie est incroyable. "Non seulement ils ne respectent pas les mesures de confinement instaurés dans la wilaya à partir de 17h, mais plus grave encore, certaines personnes se servent des masques de protection déjà utilisés par d'autres pour pouvoir entrer dans des établissements publics qui exigent leur port. C'est ce qui a été maintes fois remarqué devant plusieurs administrations où des usagers n'hésitent pas à donner leurs masques après les avoir utilisés à d'autres qui n'en disposent pas, faisant ainsi fi de toutes les recommandations sanitaires", regrettent plusieurs sources policières et de gendarmerie, qui précisent que ni les rappels à l'ordre lancés sans cesse ni les arrestations effectuées n'ont convaincu les réfractaires qui continuent de courir un grand danger. "C'est pourquoi 469 personnes ayant transgressé les mesures en question ont été arrêtées en flagrant délit et leurs dossiers déjà transmis à la justice qui décidera de leur sort, outre la mise en fourrière de 34 véhicules et de 33 motocyclettes", indiquent encore nos sources, avant de conclure que les arrestations en question se poursuivent toujours.