La demande mondiale en gaz naturel, moins immunisée par rapport à la grave crise sanitaire, est au bord du précipice. Elle devrait connaître "le plus fort déclin jamais enregistré en 2020", en raison de la crise du Covid-19, peut-on lire dans le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), rendu public hier. En termes chiffrés, la demande mondiale de gaz naturel doit baisser, cette année, de 4%. En volume, cela correspond à 150 milliards de mètres cubes. Ainsi, la chute est deux fois plus importante que celle qui avait suivi la crise financière mondiale de 2008. En fait, la demande en gaz naturel n'a cessé de décroître, ces dernières années, alors que l'offre est entrée dans l'ère de l'opulence. Deux usines géantes de GNL ont démarré en Australie, deux autres encore au Texas et en Louisiane...etc. Dans le même temps, les exportations gazières du russe Gazprom vers l'Europe par pipeline ne cessent de progresser. L'abondance est ainsi au mieux de sa forme. Il en a résulté une dégringolade des prix du gaz : En Asie, par exemple, les prix du gaz naturel ont été, en moyenne, de 1,96 dollars le million de BTU, au cours de ces derniers mois. Dans son rapport, l'AIE rappelle que le gaz avait déjà subi un ralentissement de sa croissance en 2019 (+1,8% par rapport à 2018), mais qu'il continuait de bénéficier de la substitution au charbon très polluant, en particulier en Chine où les autorités veulent améliorer la qualité de l'air des grandes villes. La consommation a ensuite été affectée début 2020 par un hiver extraordinairement clément dans l'hémisphère nord, puis par la pandémie de Covid-19, qui s'est accompagnée de mesures de confinement et d'une chute de l'activité économique à travers le monde, souligne l'AIE. Cette tendance à la baisse va-t-elle s'inverser, cependant, à court terme ? L'Agence internationale de l'énergie dépeint un scénario pessimiste et avertit qu'en dépit d'une "reprise graduelle attendue en 2021, la crise du Covid-19 aura des effets de long terme sur les marchés du gaz naturel". Elle avance également des chiffres qui parlent d'eux-mêmes, relevant ainsi que la crise de la pandémie de Coronavirus doit se traduire par une demande gazière amputée de "75 milliards de mètres cubes d'ici à 2025, soit l'équivalent de la croissance enregistrée l'an dernier". "Le gaz naturel a jusqu'à présent subi un impact moins sévère que le pétrole et le charbon, mais est loin d'être immunisé face à la crise actuelle", souligne Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE. Selon lui, le "déclin record" de cette année représente un "changement spectaculaire" pour un secteur qui était devenu habitué à de solides augmentations de la demande.