La consommation mondiale de pétrole n'a pas encore atteint son pic, estime le chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol et remet en cause l'idée selon laquelle la pandémie de Covid-19 ferait chuter durablement la demande ainsi que les émissions de carbone. Selon lui, les politiques de soutien à l'économie et l'espoir d'une reprise soutenue, combinés à l'hypothèse de prix bas du pétrole devraient ramener la demande mondiale de brut là où elle était avant la crise sanitaire, voire bien au-delà. L'année dernière, la consommation mondiale a atteint près de 100 millions de barils de pétrole par jour et certains spécialistes du secteur de l'énergie pensent que cela pourrait marquer le pic de la demande mondiale. Leur hypothèse est que l'épidémie de coronavirus déclenchera des changements, réduisant la consommation de façon permanente. Les 100 millions de barils par jour consommés en 2019 pourraient être le pic pétrolier, selon le patron de la compagnie pétrolière britannique BP, Bernard Looney, dont les propos ont été rapportés par le Financial Times. Toutefois, le directeur général de l'AIE, Fatih Birol n'est pas de cet avis, pariant sur un nuage passager avant que la consommation ne reprenne vigoureusement dès l'année prochaine. Dans une interview accordée à Bloomberg, Fatih Birol a averti les gouvernements que le coronavirus ne réduirait que brièvement la demande mondiale de pétrole, la consommation baissant en 2020 à environ 91 millions de barils par jour avant de rebondir en 2021, éventuellement au-delà des niveaux de 2019. Le directeur général de l'AIE a établi un parallèle avec la crise de 2008-2009, lorsque la demande de pétrole avait également subi une baisse annuelle importante, avant que la consommation n'augmente à nouveau. L'AIE, qui conseille les pays les plus riches du monde sur la politique énergétique, s'en tient à son opinion selon laquelle la demande mondiale de pétrole continuera d'augmenter au cours de la prochaine décennie, avant d'atteindre un plateau vers 2030. Dans un rapport publié en novembre 2019, l'Agence avait prévu que la consommation mondiale de pétrole devrait atteindre environ 105 millions de barils par jour d'ici 2030 et environ 106 millions d'ici 2040. Dans son analyse à long terme de 2019, l'AIE a supposé que d'importantes économies de pétrole puissent provenir de la commercialisation de véhicules à moteurs plus économes en carburant. Cela entraînerait la suppression de 9 millions de barils par jour de demande au pétrole, tandis que la croissance des voitures électriques génèrerait une économie de 4 millions par jour. Mais la crise économique actuelle est susceptible de réduire les ventes de voitures pendant un certain temps.