Le retour à la planche à billets s'annonce comme inévitable, compte tenu de l'état de la liquidité bancaire et de l'absence de parechocs financiers en interne outre que la production monétaire. Dans un communiqué diffusé mercredi dernier, la Banque d'Algérie a indiqué que la liquidité bancaire a poursuivi sa baisse en 2020, passant de 1 557,6 milliards de dinars à fin 2018, à 1 100,8 milliards de dinars à fin 2019, pour atteindre 916,7 milliards de dinars à fin mai 2020, soit une contraction 184,2 milliards de dinars par rapport à son niveau enregistré à fin 2019. Pour répondre à cette situation de contraction de la liquidité bancaire, la Banque centrale a abaissé à deux reprises depuis la mi-mars le taux de réserve obligatoire ainsi que son taux directeur. Le comité des opérations de politique monétaire de la Banque d'Algérie avait en effet décidé en mars dernier de réduire le taux de réserve obligatoire de 10% à 8% et d'abaisser de 25 points de base (0,25%) le taux directeur de la BA pour le fixer à 3,25%, et ce, à compter du 15 mars 2020. Dans une seconde phase, le taux de réserve obligatoire a été révisé de 8% à 6% en avril dernier alors que le seuil de refinancement, par la Banque d'Algérie, des titres publics négociables a été relevé. Cette méthode de la Banque centrale a comme un air de déjà-vu, puisque, dès l'été 2016, pour faire face à la baisse des liquidités, elle avait suspendu l'instrument de reprise de liquidités et supprimé la rémunération de la facilité de dépôt. Des opérations de réescompte ont également vu le jour dès août 2016, totalisant en six mois (août 2016-janvier 2017) un encours de 590 milliards de dinars. Le réescompte a, ensuite, cédé le terrain à l'avènement d'un autre instrument, à savoir les opérations d'open market instaurées en substitution des opérations de réescompte. En août 2017, la Banque centrale, dans une énième tentative de libérer la liquidité bancaire, avait décidé de ramener le taux de réserve obligatoire de 8% à 4% (après une baisse, en mai 2016, de 12% à 8%). Cette opération n'a permis de libérer que 350 milliards de dinars. À fin octobre 2017, le refinancement des banques par recours à l'open market se situait en revanche autour de 596 milliards de dinars. À cette même date, "la liquidité bancaire ressortait à 482 milliards de dinars, tandis que les disponibilités du Trésor, dans son compte auprès de la Banque d'Algérie, affichaient un montant de 51 milliards de dinars", avait expliqué l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, qui tentait ainsi de justifier le recours dès octobre 2017 à la planche à billets. Et comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, le retour à la planche à billets s'annonce comme inévitable dans un futur proche, compte tenu de l'état de la liquidité bancaire et de l'absence de parechocs financiers en interne outre que la production monétaire. La hausse des besoins en financement et le creusement du déficit du Trésor, qui devrait caracoler cette année à près de 3 000 milliards de dinars, soit 15,5% du PIB, ne laissent plus aucun choix au gouvernement même si, depuis son installation, et pour donner l'illusion de rupture avec les précédentes politiques, n'a cessé de jurer ses grands dieux qu'était définitivement écarté le retour à la planche à billets et à l'endettement extérieur. La Banque centrale vient de sonner le tocsin quant à une contraction considérable de la liquidité bancaire que même la baisse de son taux directeur ainsi que celui de la réserve obligatoire ne peuvent compenser.