Les trois militants sont poursuivis pour "incitation à attroupement, publication et distribution de publications pouvant porter atteinte à l'unité nationale" et "mise en danger de la vie d'autrui durant la période de confinement". La vague de répression policière, qui s'est abattue vendredi dernier à Béjaia sur les personnes ayant tenté d'organiser une marche à partir de la maison de la culture Taos-Amrouche, s'est soldée par l'arrestation de plusieurs manifestants et la blessure de certains d'entre eux. Si la plupart des personnes interpellées, une vingtaine environ, ont été relâchées dans l'après-midi de la même journée, après avoir fait l'objet de procès-verbaux pour "non-respect des mesures de prévention sanitaire", trois activistes du hirak ont été placés hier sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le tribunal de Béjaïa. Leur procès est renvoyé au 17 juin prochain. Il s'agit, en fait, de l'ex-détenu Merzoug Touati, correspondant local du site électronique Avant-Garde Algérie, et des deux militants Yanis Adjlia et Amar Berri, connus pour leur engagement dans le mouvement populaire du 22 février. Les trois militants sont poursuivis pour "incitation à attroupement, publication et distribution de publications pouvant porter atteinte à l'unité nationale" et "mise de la vie d'autrui en danger durant la période du confinement". Amar Beri est également poursuivi pour "atteinte à la personne du président de la République" et "outrage à corps constitué" À noter que tous les manifestants interpellés par la police se sont vu notifier un procès-verbal assorti d'une amende de 10 000 DA pour "non-respect des mesures de prévention sanitaire", conformément au dispositif de prévention et de lutte contre la propagation du Covid-19. Parmi ces activistes verbalisés figure l'ancien policier Zahir Moulaoui qui a rejoint le mouvement de contestation anti-régime depuis le début de la révolution populaire du 22 février. Ce dernier déplore la brutalité dont ont fait preuve les éléments des forces anti-émeutes lors de leur descente dans la cité CNS, à l'issue de laquelle plusieurs manifestants ont été blessés à coups de matraque. C'est le cas, par exemple, du jeune activiste Nadjim Bouraï qu'on a évacué aux urgences du CHU Khellil-Amrane après avoir été bastonné par la police, lors d'une course-poursuite lancée aux alentours de la cité CNS. Réagissant à cette intervention musclée des forces de sécurité, les responsables de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) de Béjaïa ont tenu à dénoncer, à travers un communiqué, "cette vague d'arrestations d'activistes du hirak dans le bastion des luttes, visant à étouffer toute manifestation et expression démocratique en procédant à des interpellations, des convocations et des intimidations". De leur côté, les membres du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) de Béjaïa affirment avoir "pris acte de la violence inouïe qui s'est abattue contre des manifestants pacifiques, sortis pour le respect des libertés démocratiques et l'édification d'un Etat de droit". Dans leur déclaration rendue publique vendredi soir, les animateurs du PAD à Béjaïa expriment leur solidarité active et leur soutien indéfectible aux activistes arrêtés, exigent leur libération et appellent à la vigilance et au respect du caractère pacifique de la révolution de février 2019.