L'ancien secrétaire d'Etat, Colin Powell, très discret depuis son départ du gouvernement en janvier dernier, a fait un retour remarqué en critiquant les “échecs” dans la gestion du cyclone Katrina, et en exprimant son amertume à propos de sa prestation sur l'Irak devant l'ONU. Le chef de la diplomatie américaine, sous le premier mandat du président George W. Bush, est revenu sous les feux de la rampe avec un long entretien diffusé vendredi soir sur la chaîne de télévision ABC. M. Powell s'est joint au concert des critiques sur le manque de prévoyance et les défaillances initiales dans la réponse au cyclone Katrina, qui a ravagé une partie du sud du pays. “Je pense qu'il y a eu beaucoup d'échecs à de nombreux niveaux — local, Etats et fédéral —”, a-t-il déclaré. L'ancien général ne mâche pas ses mots sur le manque de prévoyance des autorités, au moment où le gouvernement et le président Bush lui-même sont sur la sellette. “Il y a eu plus qu'il ne faut d'avertissements au cours du temps sur les dangers que courait la Nouvelle-Orléans. Il n'a pas été fait assez. Je ne pense pas que l'on ait mis à profit le temps qui était disponible, je ne sais pas pourquoi”, a-t-il dit sur ABC. M. Powell exprime aussi une profonde amertume à propos de sa prestation le 5 février 2003 devant l'ONU, où il avait fait un long exposé sur les armes de destruction massives (ADM) prétendument détenues par l'Irak, demeurées introuvables après l'invasion du pays. L'ancien secrétaire d'Etat admet que cet épisode lui “fait mal” et restera une “tache” sur sa réputation. “Je suis celui qui a fait cette présentation au nom des Etats-Unis devant le monde, et cela fera toujours partie de mon bilan”, reconnaît-il. Il avait déjà à plusieurs reprises, avant son départ du gouvernement, cherché à se distancer de cette présentation en incriminant des informations erronées fournies par les services de renseignement. Il exonère toutefois le chef de la CIA de l'époque, George Tenet, “qui pensait que ce qu'il me donnait était exact”, et rejette la faute sur des responsables subalternes dont il ne donne pas le nom. Il laisse aussi poindre sa déception d'avoir vu son département largement écarté des efforts initiaux en l'Irak, au profit du Pentagone de son rival, Donald Rumsfeld. “Les choses n'auraient peut-être pas tourné à une pagaille pareille si nous avions fait certaines choses différemment”, affirme-t-il, en se déclarant inquiet des risques de “guerre civile” en Irak. Interrogé pour savoir s'il avait appuyé la décision de partir en guerre en Irak, il répond “oui”, ajoutant : “Je suis heureux que le régime de Saddam Hussein soit parti.” Quant à savoir s'il a été tenté par une démission, il répond : “Je ne suis pas du genre à abandonner facilement (...) Quand on sait vers quoi on se dirige, ce n'est pas quand ça commence à tanguer qu'il faut partir.” R. I./Agences