Le gouvernement américain n'a jamais été mis au courant des doutes nourris dans le milieu du renseignement quant à la fiabilité des informations utilisées pour tenter de justifier la guerre en Irak, a affirmé l'ancien secrétaire d'Etat américain Colin Powell dans une interview à la BBC. M. Powell, qui avait plaidé en faveur d'une intervention militaire contre Saddam Hussein à l'Onu en 2003, a déclaré dans cette interview devant être diffusée dimanche par la chaîne de télévision BBC News 24 qu'il avait été “profondément déçu” par le silence des services de renseignement au sujet de ces doutes. “Ce qui m'a consterné plus que tout, c'est qu'il y avait des gens dans la communauté des services de renseignement qui avaient des doutes quant à certaines sources, mais que ces doutes ne sont jamais parvenus à notre connaissance”, a-t-il déclaré. M. Powell a admis que le vice-président Dick Cheney et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld l'avaient court-circuité ainsi que d'autres membres du gouvernement à plusieurs reprises. L'ancien chef d'état-major de M. Powell, le colonel Lawrence Wilkerson, avait accusé en novembre MM. Cheney et Rumsfeld d'avoir pris en otage la politique étrangère américaine ainsi que la Défense. Les discussions avec M. Rumsfeld sur les conséquences de l'invasion de l'Irak n'ont “guère été agréables”, a reconnu M. Powell. En septembre, M. Powell avait admis, sur la chaîne de télévision ABC, que son intervention en 2003 devant l'Onu sur les armes de destruction massive (ADM) prétendument détenues par l'Irak était une “tache” à sa réputation.