La désignation d'un envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la Libye n'a toujours pas eu lieu, alors que le conflit est entré dans une phase impliquant des acteurs étrangers qui veulent imposer leur agenda dans ce pays. Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a rappelé ce week-end l'urgence de nommer un nouvel émissaire onusien pour la Libye, en remplacement du diplomate libanais Ghassane Salamé, qui a démissionné en mars dernier, officiellement pour des raisons de santé. "Un nouveau représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Libye doit être nommé, car il s'agit d'un poste vacant depuis longtemps", a affirmé le chef de la diplomatie italienne, lors d'une conférence de presse organisée à l'issue d'une rencontre "pour soutenir le processus politique en Libye", ont rapporté les médias italiens. La diplomate américaine Stéphanie Turco Williams assure actuellement l'intérim de ce poste dans lequel se sont succédé cinq diplomates onusiens sans pouvoir parvenir à réconcilier les Libyens depuis fin 2011, après la chute du défunt guide libyen Mouammar Kadhafi. Le diplomate algérien Ramtane Lamamra était pressenti à prendre le relais de son homologue libanais, mais il a dû y renoncer en avril, les Etats-Unis ayant opposé leur veto en coulisses, sous la pression des Emirats arabes unis, de l'Egypte et du Maroc, affirment certaines sources à l'ONU. "Les consultations d'usage auxquelles procède M. Guterres depuis lors ne semblent pas susceptibles d'aboutir à l'unanimité du Conseil de sécurité et d'autres acteurs", avait souligné M. Lamamra dans un communiqué , rendu public le 16 avril, après avoir donné son accord au SG de l'ONU le 7 mars 2020. Le poids des ingérences étrangères en Libye avait déjà compliqué le travail de la médiation internationale et des émissaires onusiens, comme le montrent les récentes déclarations de Ghassane Salamé, qui n'a pas cessé d'alerter le Conseil de sécurité sur cette question. "Je n'avais plus aucun rôle" car "le jour où il a attaqué Tripoli (le maréchal Khalifa), Haftar avait le soutien de la plupart d'entre eux, alors qu'on était critiqué en Libye pour ne pas l'avoir stoppé", a déclaré M. Salamé mercredi dernier, dénonçant "l'hypocrisie" du Conseil de sécurité de l'ONU. Aujourd'hui et malgré la défaite cinglante de Khalifa Haftar dans l'Ouest libyen, après un an de vaine tentative de prendre le contrôle du pouvoir à Tripoli, la situation est toujours instable en Libye. D'où la nécessité de nommer un nouvel émissaire capable de ramener les belligérants à la table des négociations. Pour rappel, le processus de paix en Libye est mené sous l'égide de l'ONU. Parallèlement, des initiatives politiques sont lancées par de nombreux acteurs régionaux et internationaux aux fins d'aboutir à une solution consensuelle entre le Gouvernement d'union nationale (GNA, Tripoli) de Fayez al-Serraj et les autorités parallèles de l'Est, incarnées par Khalifa Haftar. Mais aucune d'elle n'a abouti pour le moment.