Le chef de l'exécutif a rassuré les personnels soignants quant à la mise à leur disposition de tous les moyens de lutte contre la pandémie. Usant de la carte blanche donnée par le président de la République, le wali de Sétif, Mohamed Belkateb, a, dans l'après-midi d'hier, réuni les responsables du secteur de la santé et des professeurs de médecine pour passer au peigne fin la situation épidémiologique dans la wilaya tout en leur annonçant qu'il prend la main pour gérer la situation. À l'ordre du jour, l'utilisation des nouvelles prérogatives dans la gestion de la pandémie pour l'acquisition d'équipements, de produits et de kits de test PCR. En effet, le chef de l'exécutif a annoncé que le président Tebboune a donné carte blanche aux walis (Alger, Oran, Biskra, Sétif et Ouargla) pour user de tous les moyens afin de casser la chaîne de contamination du coronavirus dans le territoire de leurs wilayas respectives. "Notre défi est de diminuer le nombre des contaminations et celui des décès qui reste très élevé dans notre wilaya. Nous avons une moyenne de huit morts par jour, ce qui est trop. Nous devons ensemble pallier les manques qui en seraient la cause", dira le wali aux praticiens et responsables des hôpitaux et établissements de santé de proximité de la wilaya. Et d'enchaîner : "Le président de la République, qui ne lésine pas sur les moyens, nous a demandé de tout prendre en charge. Nous travaillerons en étroite collaboration avec le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur pour l'acquisition d'équipements." Les interventions des professeurs ont été focalisées sur le manque de moyens de protection. "Au niveau de mon service, je n'ai qu'un seul paramédical pour une quarantaine de patients. C'est inadmissible car cela influe sur la qualité des soins et de la prise en charge des malades qui nécessitent un suivi rigoureux. Nous demandons de trouver des solutions", dira le professeur Kamel Bouchenak, chef du service des urgences médicochirurgicales du CHU. Et d'ajouter : "Le service des urgences doit être consacré aux urgences, nous devons trouver les solutions idoines qui peuvent contribuer à casser la chaîne de contamination. Pour cela, il est pratique d'isoler les personnes suspectes dans des structures extra-muros. Le CHU qui doit ouvrir tous ses services, afin d'exploiter le plus grand nombre de lits possible, doit être consacré exclusivement aux cas confirmés par PCR ainsi que ceux souffrant de comorbidité ou ceux ayant besoin d'une oxygénothérapie." De son côté, le professeur Nabil Mosbah, chef du service de réanimation, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour répondre à une question du wali sur le taux élevé de décès par rapport à d'autres wilayas du pays. "Nous ne pouvons pas nous comparer à d'autres wilayas qui ont plusieurs établissements hospitaliers dont plusieurs universitaires et du coup un nombre acceptable de lits de réanimation et qui ont plusieurs laboratoires pour la PCR." Et de préciser : "À Sétif, nous n'avons pas cessé de crier sur tous les toits que les sujets qui arrivent au CHU sont généralement des personnes âgées et souffrant de maladies chroniques présentant des formes graves. Le manque d'oxygène a dernièrement aggravé une situation déjà catastrophique à cause du manque de lits. Je tiens aussi à souligner que le manque de paramédicaux dont une grande partie est contaminée et qui font fonctionner le service à hauteur de 75% de l'ensemble des personnels du service de réanimation complique davantage notre tâche." Par ailleurs, la responsable du laboratoire central du CHU a indiqué que pas moins de 1 000 prélèvements PCR attendent d'être testés. Le manque de réactifs a compromis cette opération, étroitement liée aux enquêtes épidémiologiques qui sont un maillon important pour casser la chaîne de contamination. Le wali a promis incessamment un lot de pas moins de 10 000 kits. "Nous avons déjà commandé 10 000 kits pour un montant de plus de 5 milliards de centimes. Ils seront, selon le fournisseur, au niveau de la wilaya ces jours-ci. Je ne veux plus entendre parler de manque de tests. C'est une quantité suffisante pour plusieurs jours et nous entamerons les démarches pour en acquérir davantage", dira le wali. Pour ce qui est du manque d'oxygène, le responsable a chargé les chefs d'établissement. "Vous êtes responsables du manque d'oxygène. Je ne veux plus en entendre parler. Usez de tout ce que vous avez comme prérogatives pour que l'oxygène arrive aux lits des patients en détresse respiratoire", dira-t-il. Outre les décisions prises, le wali a demandé aux responsables et membres du conseil scientifique du CHU de choisir des hôtels pour les personnels soignants, afin de leur permettre de ne pas rejoindre leur domicile, car ils peuvent contaminer leurs proches, ainsi que des hôtels pour l'isolement des patients suspects ou ceux confirmés positifs et qui ne nécessitent pas une hospitalisation dans les hôpitaux. FAOUZI SENOUSSAOUI