L'Institut français du pétrole évoque deux incertitudes quant à la résorption des excédents du marché : la première concerne le respect de l'accord par les pays de l'Opep et la seconde porte sur le niveau de l'offre américaine. Le prix du Brent a subi une baisse exceptionnelle de l'ordre de 60% en deux ans, relève l'Institut français du pétrole (IFP) énergies nouvelles dans son panorama sur le "contexte pétrolier 2016 et tendances". Selon Guy Maisonnier, économiste à l'IFP énergies nouvelles, le prix du Brent s'est établi, en 2016, à environ 44 dollars le baril contre 52 dollars le baril en 2015 et près de 100 dollars le baril en 2014. "En 2017, avec le recul possible des excédents d'offre, un prix de 50 à 60 dollars le baril est envisageable, ce qui permettrait de relancer les investissements en exploration", estime Guy Maisonnier. Mais, précise-t-il, "le niveau effectif du prix dépendra des conditions d'application de l'accord Opep/non-Opep et de la réaction de la production américaine. Le contexte financier et géopolitique très instable peut aussi conduire à des mouvements de prix très heurtés". Le bilan de l'année 2016, relève l'IFP énergies nouvelles, met en évidence un excédent de 0,7 million de barils jour (mb/j), en retrait très net par rapport à celui de 2015 (+1,7 mb/j). C'est le résultat de deux tendances principales, indique le document. L'institut évoque d'abord une progression sensible de la demande qui s'établit à un peu plus de 96 mb/j, soit un gain annuel de 1,4 mb/j, niveau supérieur aux tendances historiques. Il y a également un recul de l'offre des non-Opep (-0,8 mb/j), concentré principalement aux Etats-Unis (-0,6 mb/j), sous l'effet de la faiblesse des prix du pétrole depuis fin 2014. Ce contexte a permis à l'Opep de renforcer en 2016 sa part de marché à hauteur de près de 1 mb/j (total de 40,7 mb/j) sans trop déstabiliser les prix. "Le rééquilibrage progressif du marché était perceptible dès le deuxième trimestre. La hausse du prix du pétrole de 30 dollars le baril en janvier à 45/50 dollars le baril à partir du mois de mai est le résultat de cette tendance. Elle a été accentuée par l'annonce d'un accord Opep/non-Opep, entériné les 30 novembre et 10 décembre derniers, qui a entraîné le prix au-delà des 50 dollars le baril en fin d'année", souligne le document. Pour l'année 2017, de nombreux paramètres seront, comme par le passé, susceptibles d'influencer avec plus ou moins d'ampleur et sur des délais plus ou moins longs, les évolutions du prix du pétrole, estime l'IFP énergies nouvelles, citant, en particulier, la croissance économique des pays émergents, la stabilité des pays producteurs, le taux du dollar ou les évolutions des marchés financiers. "Mais ce sont néanmoins les conditions d'équilibre du marché pétrolier qui définiront le prix tendanciel du pétrole", prévoit l'institut. "Le respect strict de l'accord conduit à un déficit moyen de 1,3 mb/j au 1er semestre 2017 contre 0,7 mb/j si l'Opep met en œuvre l'accord seul. Ces deux scénarios aboutissent à des niveaux de pression sur le prix du pétrole très différents", indique l'IFP énergies nouvelles. Les excédents du marché devraient se résorber progressivement. Cependant, l'Institut français de pétrole évoque des incertitudes. La première incertitude concerne le respect de l'accord par les pays de l'Opep. La seconde incertitude porte sur le niveau de l'offre américaine. La baisse des prix du pétrole depuis fin 2014 a pesé financièrement sur l'ensemble des acteurs américains du secteur pétrolier. Les investissements ont chuté, l'activité de forage a été divisée par trois et la production a reculé. "Mais pour certains bassins américains, la rentabilité est désormais atteinte pour un prix du pétrole se situant entre 35 et 45 dollars le baril. Cela signifie que toute hausse du prix au-delà de ces seuils marquera le signal de la reprise de l'activité de forage", relève le document. "Elle a d'ailleurs déjà été relancée à partir de mai 2016, quand le pétrole s'est rapproché des 50 dollars le baril", constate Guy Maisonnier. "Cela pourrait devenir un vrai sujet de préoccupation pour l'Opep", estime Guy Maisonnier. M. R.