Les efforts diplomatiques s'orientent depuis quelques jours vers la désescalade entre les différents acteurs, locaux et étrangers, impliqués dans la crise libyenne, afin d'éviter le pire à Syrte, où une bataille entre le gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli et les troupes du général Khalifa Haftar est imminente. L'Algérie a réitéré hier son appel à un retour à la table des négociations, via son ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, lors d'un point de presse conjoint à Moscou avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. "Aux chars et aux canons qui ne peuvent être une solution à la crise libyenne, il serait préférable d'instaurer le dialogue et un retour à la table des négociations", a déclaré M. Boukadoum, cité par l'APS. "Nous avons mis l'accent lors de nos contacts avec l'ensemble des parties libyennes, les pays voisins de la Libye, ainsi que les autres pays et acteurs internationaux sur la nécessité d'un cessez-le-feu et d'une suspension de tous les combats comme première étape avant de relancer l'action de la commission mixte 5+5 et d'engager le dialogue politique national inclusif avec la participation de toutes les régions libyennes", a, pour sa part, fait savoir M. Lavrov. Parallèlement, des représentants de la diplomatie russe et turque ont fait part de l'impérieuse application de la "Déclaration de Berlin", que le Conseil de sécurité de l'ONU avait appuyée en janvier dernier par une résolution appelant les Libyens à reprendre le dialogue politique. Ankara et Moscou ont, en effet, convenu de "poursuivre les efforts conjoints, y compris faire pression sur les parties au conflit, dans le but de créer les conditions d'un cessez-le-feu à long terme et durable en Libye", lit-on dans le communiqué rendu public, hier, à l'issue de deux jours de discussions à Ankara. Les deux pays se sont aussi engagés à "contribuer à faire avancer le dialogue politique libyen-libyen conformément aux résultats de la Conférence de Berlin et en coordination avec les Nations unies", a ajouté le communiqué final. Considérée comme un allié du général Khalifa Haftar, la Russie est accusée par les Etats-Unis d'acheminer des mercenaires syriens vers la Libye, via une société de sécurité russe, Wagner. Les mêmes accusations sont aussi adressées à la Turquie, qui intervient en Libye en appui au GNA, dans le cadre d'un accord que son président, Recep Tayyip Erdogan, a conclu en janvier dernier avec le Premier ministre libyen, Faïez al-Serraj. Sur un autre front des tractations diplomatiques, les Etats-Unis ont multiplié les contacts avec l'Egypte, les Emirats arabes unis et la France, trois pays qui affichent ouvertement leur soutien à Khalifa Haftar et le soutiennent militairement. La bataille de Syrte, si elle venait à être engagée par les parties libyennes, pourrait rapidement se transformer en une confrontation directe (mais en terrain neutre) entre la Turquie et l'Egypte, dont le Parlement a donné son aval à Abdel-Fattah al-Sissi pour envoyer son armée, à la demande du Parlement libyen de Tobrouk et d'une partie des tribus libyennes acquises à M. Haftar. Mardi, Turcs et Egyptiens ont fait part de leur intention d'éviter le recours à la force des armes, tout en maintenant une certaine rhétorique guerrière si une partie ou une autre passait à l'action à Syrte. De son côté, l'Union européenne a estimé hier que l'intensification des efforts diplomatiques demeure la seule solution à un règlement politique de la crise en Libye.