Le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a annoncé hier sa démission ainsi que les deux autres députés du Parti historique chrétien à la suite de la catastrophe du port de Beyrouth, affirmant que le temps était venu de bâtir un "nouveau Liban". Leur démission vient s'ajouter à une décision similaire de deux autres parlementaires cette semaine, à la suite des évènements tragiques de la capitale qui a alimenté la colère des Libanais contre une classe politique qu'ils jugent inepte et corrompue. "Tes camarades ont décidé de démissionner du Parlement", a lancé M. Gemayel (opposition) à l'attention du secrétaire général du parti, Nazar Najarian, tué dans l'explosion du port, dans un émouvant discours lors de ses obsèques. "Le peuple libanais doit prendre une position historique. Un nouveau Liban doit émerger sur les ruines de l'ancien, que vous représentez", a-t-il ajouté à l'adresse de la classe politique, critiquant sans le nommer le président Michel Aoun, qui a affirmé que le drame allait permettre de rompre l'isolement diplomatique du Liban. Le député Marwan Hamadé, du bloc du chef druze Walid Joumblatt, avait officiellement présenté sa démission mercredi du Parlement de 128 membres dominé par les partis traditionnels, au lendemain du drame. Affirmant "ne plus avoir aucune confiance dans les institutions libanaises, et notamment dans le Parlement", il avait réclamé une enquête internationale sur l'explosion. La députée Paula Yacoubian, élue sur la liste de la société civile au Parlement, a également annoncé sa démission et appelé les autres parlementaires à suivre son exemple. " En tant que députée de Beyrouth, j'ai pris la décision de démissionner, car je sens que je suis un faux témoin dans ce Parlement où nous ne pouvons rien faire", a-t-elle déclaré à CNN. Jeudi, l'ambassadrice du Liban en Jordanie, Tracy Chamoun, fille du leader chrétien Dany Chamoun assassiné en 1990, avait annoncé sa démission en direct à la télévision, dénonçant "l'incurie" des autorités de son pays et appelant à un changement de leadership. L'explosion aurait été provoquée par un incendie qui a touché un énorme dépôt de nitrate d'ammonium, une substance chimique dangereuse dont les responsables connaissaient l'existence. Le gouvernement a promis une enquête rapide, mais ne jouit d'aucune confiance parmi la population.