Inquiétudes n L'assassinat de Pierre Gemayel accentue la crise politique au Liban. Le président libanais, Emile Lahoud, a appelé, hier, les Libanais à l'union nationale et au dialogue, après l'assassinat du ministre de l'Industrie anti-syrien Pierre Gemayel. Lahoud a appelé les Libanais à «l'union», sinon, a-t-il dit, «tout le Liban en paiera le prix», et au dialogue «pour trouver une solution à tous les problèmes le plus rapidement possible». Il a affirmé que «les commanditaires de ce crime font partie du complot qui a commencé avec l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri». Cet assassinat intervient alors que le Liban est plongé dans une grave crise politique, exacerbée par la démission, il y a une dizaine de jours, de six ministres, dont cinq chiites du Hezbollah et d'Amal, et le sixième chrétien, qui réclament un gouvernement d'union nationale. Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a affirmé, hier, que «les assassinats ne nous terroriseront pas, nous ne permettrons pas aux meurtriers de décider du sort du Liban». «Il est temps que tous les Libanais s'unissent», a-t-il dit. Pour sa part, le père du défunt, l'ancien président libanais Amine Gemayel, a appelé au calme. «Nous ne devons pas faire le jeu des comploteurs, nous ne demandons pas la vengeance», a déclaré Gemayel. La famille Gemayel a déjà donné deux des siens, le président élu Bachir Gemayel, en 1982, et sa fille Maya. Le chef druze Walid Joumblatt, l'un des leaders du bloc anti-syrien, a, lui aussi, appelé la population au calme alors que la tension était très vive dans la capitale, quadrillée par l'armée, où des groupes de sympathisants brûlaient des pneus et s'en prenaient aux symboles de l'opposition. Une série d'assassinats se préparent au Liban si le Conseil de sécurité de l'ONU «ne prend pas des mesures très fermes concernant le tribunal international» qui doit «juger les assassins de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri», a estimé à Paris Gisèle Khoury, ex-épouse du journaliste franco-libanais Samir Kassir, tué le 2 juin. Il est à indiquer que cet attentat est intervenu quelques heures avant l'adoption par le Conseil de sécurité du projet de création du tribunal international qui doit juger les assassins de Rafic Hariri, mort avec 22 personnes dans un attentat spectaculaire le 14 février 2005 à Beyrouth. Enfin, le chef du parti chrétien des Forces libanaises (FL - membre de la majorité anti-syrienne) Samir Geagea a réclamé, hier soir, la «démission immédiate» du chef de l'Etat Emile Lahoud. Il a également demandé la réintégration des ministres démissionnaires du gouvernement au cabinet du Premier ministre Fouad Siniora.