De nouveaux heurts entre les forces de l'ordre et des manifestants ont eu lieu hier soir à Beyrouth, faisant des dizaines de blessés et des arrestations en série. Le Premier ministre Hassane Diab a annoncé hier soir la démission de son gouvernement, dans un discours télévisé, sur fond de violentes manifestations qui secouent le pays depuis l'explosion de mardi dernier au port de Beyrouth, qui a fait au moins 160 morts, plus de 6 000 blessés et causé des dégâts estimés entre 12 et 15 milliards de dollars. Cette décision intervient après la démission de quatre membres du gouvernement entre dimanche et hier, ainsi que celle de sa vice-Première ministre Zeina Acar, lors de la réunion du Conseil des ministres qu'il avait tenue en début d'après-midi. M. Diab s'est rendu par la suite au Palais présidentiel de Baabda, pour présenter la démission de son gouvernement au président Michel Aoun. Une semaine jour pour jour après les explosions spectaculaires qui ont secoué la capitale du Liban, la colère de la population contre les autorités du pays ne baisse pas, avec des conséquences qui se font ressentir au plus haut sommet de l'Etat en pleine saignée, après la démission de plusieurs membres du gouvernement. Deux poids lourds du cabinet Hassan Diab avaient acté, en effet, hier, leur démission. Le ministre des Finances, Ghazi Wazni, a remis sa démission en milieu de journée hier, devenant ainsi le quatrième membre du gouvernement à claquer la porte. Plus tôt dans la matinée, c'est la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, qui a remis sa démission, emboîtant elle aussi le pas à la ministre de l'Information, Manal Abdel Samad, et au ministre de l'Environnement et du Développement administratif, Damien Kattar. "Je m'excuse auprès des Libanais, nous n'avons pu répondre à leurs attentes", avait déclaré la ministre de l'Information, avant de rendre le tablier. Le ministre de l'Environnement a pour sa part reconnu que le régime était "stérile" et a raté de "nombreuses opportunités". Selon la Constitution, le gouvernement tombe si plus d'un tiers de ses membres (20) démissionnent. Mais pour la population qui continue d'occuper la rue, ces démissions sont loin de satisfaire les revendications des manifestants qui exigent "une bonne fois pour toutes" le départ de tous les représentants du système "pourri" et "honni". Les Libanais réclament, en plus de la démission du gouvernement Diab, à ce que les responsables rendent des comptes avant de partir. "La démission ne suffit pas. Il faut payer", ont clamé, hier soir, les protestataires sous les cris de "vengeance", lors de la deuxième journée de manifestation. Comme lors des rassemblements massifs de samedi, les forces de l'ordre ont fait usage de tir de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Selon les médias libanais, plusieurs manifestants ont été blessés après des heurts qui ont éclaté sur l'avenue menant au Parlement. Ils s'ajoutent au bilan de 238 personnes blessées, selon la Croix-Rouge, pendant la manifestation de samedi. La police a également procédé à des dizaines d'arrestations après que des manifestants ont pris d'assaut, pour la deuxième fois consécutive, les ministères de l'Economie, des Affaires étrangères, de l'Environnement, de l'Energie et de l'Eau ainsi que le bâtiment de l'Association des banques du Liban.