Plusieurs milliers de palestiniens sont attendus aujourd'hui dans les rues pour marquer leur opposition à l'accord de normalisation "honteux" entre, d'un côté, les Emirats arabes unis et le Bahreïn et, de l'autre côté, Israël. La signature aujourd'hui de l'accord de normalisation entre Israël, les Emirats arabes unis et Bahreïn marquera un "jour sombre" dans l'histoire du monde arabe, a affirmé hier le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh. Les chefs de la diplomatie des deux monarchies du Golfe et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doivent signer aujourd'hui à Washington, en présence du président américain Donald Trump, un accord pour sceller la normalisation des relations entre ces pays arabes et l'Etat hébreu. Les Palestiniens, de l'Autorité palestinienne aux islamistes du Hamas, ont étrillé l'accord qualifié notamment de "coups de poignard dans le dos" de la part de ces pays accusés de pactiser avec Israël sans résolution préalable du conflit israélo-palestinien. "Demain, nous allons être témoins d'un jour sombre dans l'histoire de la nation arabe, d'une défaite des institutions de la Ligue arabe, qui ne sont plus unies, mais divisées", a déclaré M. Shtayyeh lors de la rencontre hebdomadaire du cabinet des ministres de l'Autorité palestinienne. "Ce jour sera à ajouter au calendrier de la misère palestinienne et à être consigné comme celui des fractures arabes", a-t-il enchaîné. La Ligue arabe, qui semble avoir tourné définitivement le dos à la cause palestinienne, a rejeté la semaine dernière un projet de résolution palestinienne condamnant cette "honteuse" normalisation entre les Emirats arabes unis et Israël. "La question palestinienne n'a jamais été une priorité pour ces pouvoirs politiques en manque de légitimité. Au contraire, c'est un prétexte usé pour réprimer plus leurs populations et spolier encore davantage leur pays", a déclaré le politologue Salam Kawakibi, interrogé sur le sujet par Liberté. "La Ligue arabe, qui est en mort cérébrale, physique et morale depuis presque sa création, ne fait que refléter les sentiments ‘sincères' de ses membres. Après avoir exploité la cause palestinienne durant des décennies, les régimes arabes dans leur majorité, à défaut d'être démocratiques et d'incarner les aspirations de leurs populations, feront tout pour rester sur leur trône", a analysé ce directeur du Centre arabe de recherche et d'études politiques à Paris dans une interview parue le 12 septembre. Après cette décision rejetant la condamnation de cette normalisation, la Palestine compte d'ailleurs revoir ses relations avec la Ligue arabe. "La Palestine envisage de corriger sa relation avec la Ligue arabe qui n'a pas dénoncé la normalisation des relations entre Israël et les deux monarchies du Golfe", a affirmé, le hier, le Premier ministre palestinien. Plusieurs milliers de Palestiniens sont attendus aujourd'hui dans les rues pour exprimer leur rejet de cette normalisation arabo-israélienne. Les Palestiniens comptent marquer leur opposition à ce projet et ont appelé les autres pays arabes "à ne pas participer aux célébrations" d'aujourd'hui à Washington. M. Netanyahu, arrivé hier dans la capitale américaine selon ses services, s'est félicité "d'accords de paix historiques" avec les Emirats arabes unis et Bahreïn, pays avec lesquels Israël n'a jamais été en guerre.