Le leader du FFS a exhorté de nouveau les citoyens à un “boycott actif” de la consultation du 29 septembre prochain, qui consacrerait selon lui “un retour au pouvoir absolu”. Ironie de l'Histoire? Le 29 septembre, date du référendum, marque aussi l'anniversaire de la création du FFS en 1963. C'est ce qu'a commencé par relever Hocine Aït Ahmed, lors d'une conférence de presse, à Paris à l'invitation du centre d'accueil de la presse étrangère. Dans une déclaration liminaire, le chef du FFS a qualifié la consultation sur le “projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale” de “nouvelle agression contre la société algérienne qui ne vise pas autre chose qu'à préparer une révision constitutionnelle indispensable pour permettre un troisième mandat à Abdelaziz Bouteflika”. Mais là n'est pas le seul but de la consultation qui vise également, selon lui, à “octroyer un blanc-seing à une gestion tyrannique du pays”, “absoudre les criminels de tous bords, imposer l'abdication à la société et confisquer son droit à assumer son histoire, blanchir le régime et consacrer son impunité”. Le chef du FFS redoute aussi une “escalade de la répression et une entreprise de destruction des derniers espaces et cadres d'expression autonomes de la société qui se manifestent déjà durant la campagne. Il cite les contradicteurs qui sont interdits d'expression ou carrément arrêtés et poursuivis”. Même s'il n'a pas de doute sur l'issue de la consultation où la seule élection valide à ses yeux fut le référendum pour l'indépendance du pays, M. Aït Ahmed appelle les Algériennes et les Algériens à “refuser le diktat et l'instauration d'un pouvoir présidentiel absolu consacré par cette charte en boycottant activement le référendum”. Interrogé sur sa propre solution pour ramener la paix, il a plaidé pour le changement de régime. Les seules élections qui auraient pu conduire à cet objectif étaient les législatives de juin 1991 annulées à cause de la grève politique déclenchée alors par le FIS. En fait, un piège dans lequel les islamistes étaient tombés par le biais de “manipulations”. Interrogé par ailleurs sur les changements intervenus dans le commandement de l'armée, M. Aït Ahmed estime que “cela ne change pas la donne” car, a-t-il argumenté : “on a tort de dire Bouteflika est un civil.” “C'est de la propagande, il s'est toujours réclamé de l'armée. Mais c'est un fait qu'il veut être le vrai patron”, a fait remarquer Aït Ahmed en soulignant que le “vrai pouvoir est dans les laboratoires qui ont écrémé les universités”. S'agissant de la nomination de Larbi Belkheir comme ambassadeur à Rabat, elle découlerait, selon lui, de la redistribution des cartes dans la région par les états-unis. La loi sur les hydrocarbures, vigoureusement dénoncée par le FFS, en est également l'illustration. évoquant, par ailleurs, la situation en Kabylie, le chef du FFS a affirmé craindre une “tchétchénisation” de cette région en accusant les archs de l'avoir détruite. “Aujourd'hui, il n'y a plus rien en Kabylie, il n'y a que la drogue. L'osmose a été cassée”, a-t-il affirmé. Sur les relations algéro-françaises, Aït Ahmed a dénoncé la loi française du 23 février qui glorifie le rôle colonial de la France. “C'est une loi intolérable qui constitue une insulte aux Algériens et stupide puisqu'elle conteste le principe même de l'autodétermination”. Aït Ahmed a dénoncé aussi son “instrumentalisation démagogique et revancharde” par Bouteflika qui veut tirer une “gloriole” de la repentance qu'il réclame à la France. Yacine KENZY