Pour le Care, l'entêtement à garder le dinar surévalué, maintenant un pouvoir d'achat artificiel et subventionnant de fait les importations, nous mène à l'impasse. La dévaluation du dinar ne pourra pas être évitée au vu de l'état de détérioration des comptes extérieurs. C'est ce que pense le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), qui vient de publier deux contributions pour lancer le débat sur cette "condition nécessaire, mais non suffisante, à la diversification de l'économie". Pour le Care, "l'entêtement à garder le dinar surévalué, maintenant un pouvoir d'achat artificiel et subventionnant de fait les importations, nous mène à l'impasse et à des réajustements plus douloureux lorsque nous serons contraints de les faire". Selon le think tank, la politique de change de la Banque d'Algérie ne protège pas la balance des paiements. Chiffres à l'appui, le Care relève que les autorités économiques algériennes ont privilégié la recherche de la stabilité des prix au détriment de l'équilibre des relations économiques et commerciales avec le reste du monde. Autrement dit, elles ont choisi de garder un dinar surévalué, évitant de renchérir ainsi le coût des importations et le niveau des prix internes, mais acceptant du même coup de laisser dériver le déficit des échanges extérieurs. "La surévaluation du dinar est bel et bien un choix de politique économique des autorités algériennes", souligne le think tank, estimant que pour réduire les importations, la dévaluation est un outil plus efficace que les restrictions administratives au commerce. Les ajustements significatifs du taux de change opérés en 2015 et sur une partie de l'année 2016 ont contribué à faire baisser effectivement la facture des importations, constate le Care. En revanche, le système des restrictions administratives mis en place sous ses différentes formes à partir de l'année 2017 n'aura eu qu'un impact tout à fait limité, en dépit des moyens importants mobilisés pour son application. "Les quotas aux importations, la manipulation incessante des tarifs douaniers et les autres approches de gestion administrative du commerce extérieur n'ont pas eu d'effets notables sur nos déficits commerciaux", soutient le think tank. Ils ont juste détérioré l'environnement des affaires, créé de forts incitatifs à la corruption et surtout réduit la concurrence sur le marché. Dans les faits, affirme le Care, "il s'agit là d'une mise en évidence d'un principe économique largement et depuis longtemps admis, à savoir que le taux de change est l'instrument par excellence pour la régulation des échanges commerciaux internationaux". Le Care conteste certaines raisons avancées qui poussent les autorités économiques algériennes à ne pas recourir à la dévaluation du dinar, préférant la régulation par les mesures administratives. Il relève que le recours massif à la planche à billets a aggravé la surévaluation du dinar. Le think tank soutient que la dévaluation du dinar est une solution potentielle à de nombreuses contraintes que vit actuellement l'économie algérienne. "Dans le contexte de crise financière sévère que traverse notre économie, on peut envisager cinq catégories d'avantages qui, les uns comme les autres, sont loin d'être négligeables", argue le Care. Le premier bénéfice attendu d'une dévaluation est celui du rétablissement progressif des équilibres économiques extérieurs. "Les politiques publiques adoptées jusque-là n'arrivent pas à contenir l'hémorragie des comptes extérieurs et donnent lieu à une érosion ininterrompue des réserves de change du pays", note-t-on. L'autre bénéfice immédiat d'une dévaluation est lié à l'apport conséquent que cela entraîne en termes de recettes fiscales supplémentaires tout à fait précieuses compte tenu du niveau du déficit du budget de l'Etat. "Chaque pourcentage de dévaluation de la valeur du dinar procure au Trésor public l'équivalent de 43 milliards de dinars. Une dévaluation de 25% de la valeur du dinar conduirait à des recettes supplémentaires de 1 075 milliards de dinars, soit l'équivalent de 54% du déficit budgétaire inscrit dans la loi de finances complémentaire pour l'année 2020", relève le Care. Ce dernier estime, par ailleurs, que sans une dévaluation conséquente et un rétablissement d'une parité du dinar qui protège réellement la production locale, aucun accord commercial préférentiel ne saurait être viable. Pour le think tank, la dévaluation du dinar est inévitable. Le problème, c'est d'aménager les conditions de son applicabilité effective.