Les principaux partis islamistes ont appelé à s'opposer au projet d'amendement de la loi fondamentale après avoir exprimé leur rejet de certains articles comme la consécration du statut de langue nationale et officielle pour tamazight et d'autres concernant les équilibres du pouvoir. Alors qu'une grande partie de la mouvance islamiste a appelé ses troupes à voter contre la réforme constitutionnelle, le "non" a recueilli seulement 33,20% des voix, selon Mohamed Charfi, président de l'Autorité nationale indépendante des élections. Ce chiffre pose d'emblée la question du poids politique réel de Makri, de Djaballah et de la nébuleuse de micro-partis qui se revendiquent de cette famille. Le MSP d'Abderrezak Makri, le Front de la justice et du développement d'Abdallah Djaballah, le mouvement Ennahda de Yazid Benaïcha, principaux partis islamistes, ont appelé, en effet, dès le début à s'opposer au projet d'amendement de la loi fondamentale après avoir exprimé leur rejet de certains articles comme la consécration du statut de langue nationale et officielle pour tamazight et d'autres concernant les équilibres du pouvoir. Ils se sont lancés dans la bataille timidement, amputés d'une frange de leur famille politique qui, en dépit de quelques réserves exprimées, a décidé de voter favorablement. C'est le cas du mouvement El-Bina d'Abdelkader Bengrina et du mouvement El-Islah. Cette division constatée au sein de la mouvance islamiste a probablement largement joué en défaveur des partisans du non. Yazid Benaïcha, secrétaire général du mouvement Ennahda, nous a déclaré n'être pas satisfait du chiffre de plus de 33% de voix contre la réforme constitutionnelle qui, pour lui ,"ne reflète pas la réalité. Mais on constate quand même qu'un nombre important d'Algériens nous ont écoutés". Yazid Benaïcha rappelle que les trois semaines de campagne se sont quasiment déroulées à sens unique : seuls les partisans du "oui" ont pu s'exprimer dans les médias publics. "Nous avons mené notre campagne pour le non avec peu de moyens. Nous n'avons pas pu exprimer et expliquer notre position. Il semble que le pouvoir veut mener sa barque avec les mêmes visages et la même politique", se désole-t-il. Sans avoir appelé au boycott, le parti de Makri veut, tout de même, engranger les dividendes de la déroute des partisans de la réforme référendaire et l'exploiter au profit de son parti. Le MSP a salué "les citoyens qui ont voté non et montré leur résistance en dépit des sévères restrictions et de l'interdiction arbitraire de mener campagne en faveur du non", considérant que le "front du rejet est un front uni et large puisqu'il dépasse les 85%. Ce front est invité dans la diversité de son expression et de ses positions à travailler ensemble pour un changement politique pacifique et efficace". Pour la formation politique de Makri, "le faible taux de participation remet en cause la crédibilité et la légitimité des résultats du référendum, malgré les énormes moyens officiels mis en œuvre pour son adoption. Il confirme l'échec des projets du pouvoir dirigeant et son incapacité de parvenir à un consensus national autour de la Constitution, tel qu'il a été annoncé, de manière à sauver le pays des dangers réels qui le guettent", peut-on lire dans un communiqué rendu public juste après l'annonce des résultats de la consultation référendaire par le président de l'Anie. Le MSP s'abstient, néanmoins, de commenter le faible taux remporté par les partisans du "non", sans doute pour éviter de reconnaître l'échec de la mouvance islamiste à peser lors de cette consultation référendaire et l'impératif de fédérer ses rangs. Nissa H.