Depuis 2018, Zoubida Assoul fait partie des responsables politiques qui ont accompagné le mouvement populaire. À la tête de l'Union pour la citoyenneté et le progrès, (UCP), depuis sa création en 2013, elle fait partie des avocats les plus en vue des militants du Hirak arrêtés depuis le début du mouvement populaire. Sa formation fait partie du Pacte pour une alternative démocratique (PAD) qui demande une période de transition avant l'organisation d'élections incontestables. Dans cet entretien express, Zoubida Assoul indique notamment que le rejet du processus référendaire peut être "une chance" pour une sortie de crise pour le pays. Liberté : Le référendum portant sur la révision de la Constitution a connu officiellement un très faible taux de participation. Quelle lecture en faites-vous ? Zoubida Assoul : La réponse de la majorité écrasante des électrices et des électeurs a été sans équivoque aux initiateurs de ce projet d'amendement, une initiative unilatérale du pouvoir ne peut s'imposer à la majorité des citoyennes et des citoyens. C'est un rejet du processus en lui-même dans la forme et dans le fond. C'est donc un échec politique pour son initiateur et une victoire pour tous ceux et celles qui pensent que le problème réside dans le changement du système à travers une solution politique concertée et consensuelle. Dans le communiqué de votre parti, vous aviez demandé l'annulation des résultats du scrutin. Pourquoi ? En effet, étant donné que la Constitution doit être le fruit d'un dialogue responsable et sérieux on ne peut concevoir l'acceptation de cet amendement qui a été boycotté par la majorité écrasante des électeurs. Politiquement cet amendement devient caduc car il souffre d'un manque de légitimité populaire. Pensez-vous que cette nouvelle incitera le pouvoir à revoir sa feuille de route ? Je pense que la situation du pays ne permet plus de continuer dans l'entêtement, le pouvoir doit tirer les enseignements de ces dernières expériences qui ont bloqué le pays et empêché une solution réelle et durable de la crise. Une perspective s'offre au pays d'aller vers cette solution j'espère qu'il ne va pas encore la rater. Vous avez toujours clamé que la révision constitutionnelle n'est pas la priorité et plaidé pour une transition politique. Cela est-il toujours possible ? Les crises multiples que vit notre pays exigent de tous de faire des efforts pour aller vers une solution politique c'est ce que l'UCP propose depuis mars 2019. Le rejet du référendum et la maladie du Président ont créé une situation nouvelle qui pourrait être une chance à saisir pour aller vers un véritable changement qui passe forcément par une période d'assainissement afin de repartir sur de nouvelles bases dans la construction d'un Etat de droits fort et souverain qui garantisse les libertés individuelles et collectives à tous les citoyens et citoyennes. Le challenge est d'aller rapidement vers la solution de la crise politique pour se consacrer enfin au développement du pays.