En réaction au discours tenu la semaine dernière par le président de la république à Constantine, lors duquel il avait écarté l'officialisation de tamazight, les présidences tournantes de l'aile non dialoguiste du mouvement citoyen réunies, lundi dernier, à la maison des jeunes Matoub-Lounès de la commune de Chorfa, à l'est de Bouira, ont rendu publique une déclaration dans laquelle elles ont appelé la population à observer une grève générale le jour du référendum sur la réconciliation, en guise de révolte “contre l'oubli, l'impunité et la trahison”, et exigé la libération de Mohamed Benchicou incarcéré depuis 470 jours. Lors de cette rencontre, les participants, qui examinaient la situation politique générale du pays, ont tenu à rendre un vibrant hommage à la jeunesse de Kabylie qui a livré, cite la déclaration, un message cinglant au président de la République lors de son passage à Tizi Ouzou, dans le cadre de la campagne référendaire, lui endossant la responsabilité de l'assassinat des 126 martyrs du printemps noir. Ils saluent, par ailleurs, la population “restée attachée au combat citoyen et éveillée face aux multiples tentatives du pouvoir et ses relais d'étouffer toute voix contestataire et d'enterrer l'espoir de la démocratie en Algérie”. Qualifiant son discours de haineux, de provocateur et de méprisant, les non-dialoguistes se sont dit n'être guère étonnés de la énième sortie du président Bouteflika, qu'ils considèrent comme une “réelle mise à nu des dessous d'un simulacre de dialogue qui disqualifie définitivement les missionnaires du chef du gouvernement” et comme un avortement de la tentative du bradage dont fait l'objet la plate-forme d'El-Kseur. S'agissant du référendum pour la réconciliation nationale, les présidences tournantes ont qualifié celui-ci de mascarade et ont appelé “les forces vives de la nation et les partis de la mouvance démocratique à s'unir autour du projet de son rejet de cette consultation qui vise, selon eux, à donner un chèque en blanc au président, lui octroyer un pouvoir absolu et garantir l'impunité aux bourreaux des victimes du printemps noir”. Pour ce faire, l'interwilayas, qui inclut dans ses revendications la libération immédiate et inconditionnelle de Mohamed Benchicou, invite l'ensemble de la population à observer une grève générale le jour du référendum pour en faire une journée de deuil contre l'amnésie. Slimane allouche