Les autorités saoudiennes ont démenti toute visite de Netanyahu à Riyad, comme l'ont affirmé les Israéliens. Mais il sera difficile de faire croire le contraire avec l'alliance qui est en train de prendre forme entre Tel-Aviv et les capitales du Golfe pour contrer l'influence grandissante de l'Iran dans la région. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est rendu en Arabie saoudite dimanche, où il a rencontré secrètement le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS), en présence du secrétaire d'Etat américain Mark Pompeo, en tournée dans la région, à quelques semaines de la fin de la présidence de Donald Trump aux Etats-Unis, a rapporté la radio militaire israélienne hier. Deux conseillers de MBS ont confirmé au Wall Street Journal cette visite, la première à avoir été rendue publique en Israël, avant que l'information ne soit démentie, en milieu d'après-midi, par Riyad, via un communiqué officiel. La visite du Premier ministre israélien en Arabie saoudite, bien que sous le sceau du secret, intervient après le ballet de la normalisation des relations israélo-arabes que les Emirats arabes unis ont ouvert dans le Golfe, suivi par le Bahreïn, et probablement par Oman et d'autres royaumes de la région. Ces pays s'ajoutent à la liste dans laquelle figurent l'Egypte et la Jordanie auxquelles il faut aussi ajouter le Soudan, qui fait partie du monde arabo-musulman. Accompagné du chef des services de renseignements (Mossad), Joseph Youssi Cohen, M. Netanyahu a discuté avec MBS et M. Pompeo de "l'Iran et de la normalisation" des relations israélo-saoudiennes, sous l'impulsion des Etats-Unis de Trump qui propose un plan de paix controversé pour l'instauration de la paix au Proche-Orient, mais que les Palestiniens rejettent en bloc, qualifiant le processus de normalisation des relations avec Tel-Aviv de "trahison". Des proches de Benjamin Netayahu ont aussi confirmé cette visite et l'objet de cette rencontre tripartite, mais démentie par Riyad par la voix de son chef de la diplomatie, le prince Fayçal Ben Ferhane, sur Twitter. "J'ai vu des informations de presse concernant une prétendue rencontre entre le prince héritier et des responsables israéliens lors de la récente visite de (Mike Pompeo). Aucune réunion de ce type n'a eu lieu", a écrit le MAE saoudien, soulignant que "les seuls responsables présents étaient Américains et Saoudiens". Ce même ministre avait déclaré samedi que le royaume wahhabite avait favorisé la normalisation des relations avec Israël "depuis longtemps", conditionnant officiellement cela par "un accord de paix permanent et complet" entre Israël et la Palestine. Le même argument a été servi, à quelques nuances près, par les Emirats arabes unis à l'annonce de leurs relations avec l'occupant israélien de la Palestine, Abou Dhabi affirmant aussi que Tel-Aviv allait arrêter également ses projets d'expansion coloniale. Mais Benjamin Netanyahu a vite fait d'affirmer qu'il n'avait aucune intention de stopper les projets de milliers d'unités coloniales, en chantier ou sur le point d'être lancées, que son gouvernement défend, profitant de la faiblesse des Palestiniens et du soutien inconditionnel des Américains.