Intervenant, hier, à l'ouverture de la session du bureau politique de son parti, Mme Louisa Hanoune a présenté un constat sans appel de la situation générale du pays. La cheffe du PT considère, en effet, que plus d'un an après le début de la révolution populaire, "rien n'est venu" changer la situation. "Le processus révolutionnaire a été contrarié par une contre-révolution", pensée et programmée "pour démanteler encore un peu plus les acquis de la nation". Mme Hanoune fait la jonction entre "les tentatives de sauver le système" et "le confinement" imposé pour "lutter" contre la propagation du nouveau coronavirus. Pour elle, la pandémie et le confinement "ont été instrumentalisé" pour mieux "attenter" aux libertés démocratiques. À commencer, a-t-elle dit, par l'impact sur les activités des partis politiques, réduites par le confinement. "Nous vivons un recul sur tous les plans", a-t-elle dénoncé, considérant que les deux pouvoirs qui ont succédé à Abdelaziz Bouteflika — celui de Bensalah et l'actuel — "ont appliqué les mêmes politiques anti-sociales". "On est restés sous le même système", a-t-elle souligné, dénonçant "le recours à la répression" pour "casser le processus révolutionnaire" et "imposer une politique anti-nationale". "Depuis 2014, toutes les politiques antisociales engagées ont planifié et légalisé la démolition des bases matérielles du pays et les acquis socioéconomiques", a accusé Mme Hanoune, mettant en garde contre le risque "de dislocation" qui menace le pays. "La majorité du peuple est en danger" pour cause "des politiques imposées", a encore accusé la SG du PT, estimant que les Algériens "font face à une désintégration sociale du fait de la crise". Pour conforter ses accusations, Mme Hanoune a étayé ses dires par la gestion de la pandémie par le gouvernement. "La pandémie a révélé la destruction criminelle du secteur la santé", a-t-elle dit, ajoutant que "l'Exécutif a recouru à une pseudo-solution qu'est le confinement et a engagé un processus de démantèlement de l'économie avec des retombées très hasardeuses sur plusieurs activités économiques". "La précarité sociale s'accentue et la classe moyenne a disparu", constate Mme Hanoune, estimant qu'elle a été tirée vers le bas par le truchement d'un processus visant "l'effritement" social. "Le détricotage est programmé graduellement par un dispositif juridique périlleux", a-t-elle encore asséné, accusant le pouvoir de mener une offensive contre les libertés démocratiques en procédant aux arrestations durant le confinement. Après ce constat, Mme Hanoune rassure quant à la pérennité du processus révolutionnaire. "Le processus révolutionnaire n'est pas mort", a-t-elle dit, expliquant que la multiplication des luttes et de la mobilisation en est le signe. Sur un autre volet, elle a évoqué l'accord d'association avec l'Union européenne, en rappelant la position de principe du PT. "L'accord est une grave injustice", a-t-elle qualifié, estimant que "les déclarations de l'Algérie quant à sa révision n'étaient que des vœux". "Les intérêts de la nation sont broyés parce que cet accord est basé sur le monopole et accorde à l'Union européenne la possibilité de s'immiscer dans nos affaires internes", a dénoncé la SG du PT, précisant que contrairement à la latitude de la partie européenne, l'Algérie "n'a pas le droit de dénoncer la répression en France ou dans un autre pays européen. C'est un cercle vicieux qui ouvre la voie à toutes les ingérences". Concernant la dernière résolution du Parlement européen, elle a estimé que l'accord d'association "instrumentalise les droits de l'Homme chez nous", car "c'est une manière de venir à la rescousse du système". Pour elle, cette "immixtion" permettra "au système de l'instrumentaliser et crier à l'ingérence étrangère". Elle a, par ailleurs, évoqué les dernières évolutions sur la scène régionale, dénonçant la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, avant de dénoncer ce "marchandage". Mohamed Mouloudj