Les entreprises publiques ont bénéficié de fonds d'assainissement qui dépassent les 1 000 milliards de dinars depuis plus d'une dizaine d'années, a souligné, hier, le ministre des Finances. L'accompagnement des entreprises en difficulté sera subordonné à la modernisation de leur mode de gouvernance. C'est ce qu'a indiqué, hier, le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, en marge du lancement de la nouvelle version du portail Internet du ministère des Finances. "L'Etat fera tout pour préserver le tissu industriel national, qu'il soit public ou privé", a assuré le grand argentier du pays. Cependant, a-t-il souligné, le gouvernement sera "très regardant" sur l'utilisation des crédits accordés à ces entreprises. "Comme pour la dépense publique, nous allons être très regardants sur la manière avec laquelle seront utilisés les crédits bancaires, qui seront injectés dans ces entreprises. Il n'est plus question d'injecter des fonds sans être regardants sur le mode de gouvernance et sur le mode de gestion", a précisé Aymen Benabderrahmane. Pour autant, le ministre des Finances se veut rassurant quant à l'accompagnement des entreprises nationales "pour sortir de ce carcan d'endettement structurel qui les pénalise et pénalise l'économie algérienne en général". Le grand argentier du pays reconnaît que les nombreuses et importantes mesures d'assainissement adoptées depuis plusieurs années n'ont pas réglé les problèmes structurels des entreprises publiques. "Les entreprises nationales ont bénéficié d'un fonds d'assainissement qui dépasse les 1 000 milliards de dinars depuis plus d'une dizaine d'années. Mais le résultat est là. Parce que nous n'avons pas été très regardants sur le mode de gouvernance et sur les critères de performance de ces entreprises", a indiqué le ministre. Ce dernier annonce qu'"un cahier des charges sera mis en place entre le Trésor public, les banques publiques et le tissu industriel public". Des évaluations seront faites sur l'utilisation des crédits. Pour le ministre, il n'est plus question d'accorder des crédits à fonds perdus. "Nous serons regardants sur la manière avec laquelle ils seront utilisés et débloqués", a-t-il insisté. Pour certains économistes, beaucoup d'entreprises consomment de la richesse au lieu d'en créer. Elles plombent non seulement la croissance, mais aussi la faculté de l'économie à se régénérer. Dans ses derniers rapports sur l'économie algérienne, le FMI avait averti que les liens macrofinanciers au sein du secteur public risquent d'exacerber l'impact des risques budgétaires ou de liquidités qui peuvent se manifester à n'importe quel niveau du secteur public. "Ainsi, les difficultés rencontrées par une entreprise publique donnée peuvent se propager, de façon directe ou par l'intermédiaire d'autres entités, aux banques publiques et/ou à l'administration", a expliqué le FMI, estimant que les créances sur certaines grandes entreprises publiques sont une source de risque pour certaines banques publiques.