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Crises de liquidité, créances douteuses et sous-bancarisation
Secteur bancaire national
Publié dans Liberté le 20 - 12 - 2020

Alors que les banques sont replongées depuis le début de l'année dans une situation de sous-liquidité ; celle-ci reculant à 916,7 milliards de dinars à fin mai 2020, la Banque centrale a aussitôt corrigé ses recommandations aux banquiers de la place, les dispensant de l'obligation de constituer un coussin de sécurité.
Une décision surprenante qui vient conclure une série de baisses du taux des réserves obligatoires entreprises depuis mars dernier. Ce qui témoigne de l'incapacité de certaines banques de la place à concilier les exigences de la politique prudentielle et les impératifs de relance de l'activité de crédits à l'économie.
D'autres établissements bancaires font face à une hausse des prêts improductifs, entamée depuis 2016 et entraînant une détérioration de la qualité de leurs portefeuilles, ce qui rend nécessaire leur recapitalisation.
La baisse de la liquidité bancaire et l'érosion de la rentabilité des actifs ont entraîné une détérioration de la capacité de certaines banques à prêter, mais aussi à couvrir une partie des passifs à court terme.
Cette situation dans laquelle barbotent les banques contraint l'Exécutif à sortir ses deux dernières cartes, à savoir l'utilisation des fonds propres de la Banque d'Algérie pour libérer de la liquidité et la préparation de privatisations partielles via le marché boursier de deux banques publiques.
Ce n'est pas une situation inédite, puisque la baisse de la liquidité bancaire amorcée depuis 2016 a donné lieu à de multiples interventions d'ordre monétaire, sanctionnées par l'option de la planche à billets qui avait permis, entre autres, de renflouer les caisses de certaines banques publiques.
Ce retour à la case départ témoigne de l'absence de solutions à long terme susceptibles de sortir la place bancaire du cercle vicieux des crises à répétition.
L'actuelle crise, comme ce fut le cas durant les précédentes, remet au goût du jour la récurrente question de la réforme du secteur bancaire et financier en Algérie, contrôlé par les banques publiques qui gèrent l'essentiel des dépôts et des crédits.
Le faible taux de bancarisation avec à peine 1 664 agences et un taux de couverture d'une agence pour 27 587 habitants est aussi, en partie, source de tant de contre-performances du secteur bancaire algérien.
Tout comme la faiblesse de l'offre en produits d'épargne et le déficit de l'innovation en services financiers et bancaires, alors que de par le monde, les établissements bancaires sont résolument tournés vers la FinTech.
Par-delà la crise actuelle de liquidité, c'est une toute nouvelle politique bancaire et financière qu'il faudra créer en Algérie et qui doit être affranchie complètement du poids et des effets pervers du cash et des interférences politiques.

Ali TITOUCHE


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