Les prix du pétrole continuent d'être sous la pression du ralentissement de l'activité économique mondiale et des développements de la situation sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19. Cette situation continuera, sans doute, à rythmer le marché pétrolier durant l'année à venir. Selon l'analyse de l'IFP Energies nouvelles (Ifpen), publiée dans son dernier tableau de bord pétrolier, le prix moyen du pétrole en 2020 devrait s'établir à 41,6 dollars contre 64 dollars en 2019. Il termine l'année autour de 50 dollars après l'avoir commencé à 68 dollars en passant par un minimum à 9 dollars au cours du mois d'avril dernier. Un prix moyen de 51 dollars est anticipé actuellement pour 2021 sur la base des prix à terme. Ce prix moyen se situait autour de 40 dollars en octobre. L'Institut de recherche français a estimé que ces anticipations, très différentes en si peu de temps, ne sont pas la marque de l'irrationalité, mais plutôt un signe que les prix s'adaptent à l'évolution des paramètres qui influencent le marché pétrolier. À ce titre, l'Ifpen a indiqué que la demande pétrolière pour 2021 dépendra de l'ampleur du contrôle de la pandémie, mais aussi de la croissance économique, impulsée par les plans de soutien proposés par les Banques centrales et les Etats. L'offre, pour sa part, évoluera en fonction des modalités qui seront mises en œuvre en 2021 par les pays de l'Opep+, mais aussi des évolutions "incertaines" de la production des pays non-Opep+. Il faut dire que les différents indicateurs pousseraient plutôt à la prudence. L'AIE a très légèrement revu à la baisse ses prévisions de demande pour 2021 estimées désormais à 96,9 Mb/j, soit 0,2 Mb/j de moins par rapport aux prévisions de novembre. Par rapport à 2019, le recul s'établit à 3,1 Mb/j, ce qui s'explique, d'après l'AIE, pour 80% par la faiblesse persistante de la demande du secteur aérien. Côté production, la tendance en novembre est orientée à la hausse à hauteur de 1,5 Mb/j portée par des progressions aux Etats-Unis et en Libye. Au plan sanitaire, les données montrent que le nombre journalier de cas positifs et de décès reste extrêmement élevé dans toutes les régions du monde, avec une remontée récente des cas en Europe. Concernant le vaccin, l'AIE a rappelé, dans son dernier rapport mensuel, qu'il faudra attendre plusieurs mois avant que les programmes de vaccination aient un impact sur la demande pétrolière. Pour ce qui est du contexte économique, l'Ifpen a indiqué que les perspectives de la Banque de France de décembre anticipent des rebonds en 2021 du PIB, que ce soit pour la France (5%) ou la zone Euro (4%), inférieurs toutefois aux reculs de 2020 (-9% et -7% respectivement). S'agissant des Etats-Unis, la réserve fédérale table sur une contraction du PIB de 2,4% cette année, avant une croissance de 4,2% en 2021 et de 3,2% en 2022. En établissant différentes hypothèses sur ces paramètres, l'Ifpen a souligné que le marché anticipe, à ce jour, un déficit d'offre en 2021. Cela explique la hausse récente des prix du pétrole, prix qui ne sont donc pas déconnectés de la réalité, a conclue l'Ifpen, qui a ajouté que tout changement d'anticipation pourra évidemment, comme par le passé, les faire fortement varier.