Selon le président de l'Autorité indépendante des élections, Mohamed Charfi, l'Algérie n'a pas les moyens d'organiser un double scrutin. Les élections législatives et locales vont donc se tenir séparément. Lors de son passage, hier, au Forum de la Radio nationale, le président de l'Anie a indiqué que l'Algérie n'est pas en mesure, pour l'heure, d'"organiser les élections locales et législatives en même temps". Raisons ? L'absence de moyens humains. "L'Etat ne dispose pas de suffisamment de juges susceptibles de surveiller la tenue d'une double consultation électorale", a précisé l'ancien ministre de la Justice, comme pour répondre à certaines suggestions d'acteurs politiques. Si la fonction de l'Anie porte exclusivement sur l'organisation des opérations électorales, rien ne semble l'empêcher de donner son avis sur une loi en préparation. C'est ainsi que Mohamed Charfi a révélé que lui et ses collaborateurs ont rencontré les membres de la commission chargée de préparer l'avant-projet de la loi électorale et de celle sur les partis politiques. L'invité de la radio n'a pas divulgué le contenu de la loi en préparation, mais il assure que le nouveau texte devra mettre "fin à la corruption" dans les élections. "Il est essentiel de mettre fin à la corruption qui a volé la volonté du peuple au cours des dernières décennies", a-t-il plaidé, tout en ajoutant qu'il existe plusieurs solutions juridiques pour empêcher "l'achat de têtes de listes électorales". Dans le même contexte, Mohamed Charfi a assuré que "personne ne peut prédire ce que le président de la République va décider en ce qui concerne le système électoral et le type de vote". Interrogé sur le sort de la Constitution adoptée par le référendum le 1er novembre dernier et rejetée massivement par les Algériens, Mohamed Charfi a rappelé que le texte "n'entre en vigueur" qu'une fois signé par le président de la République. Mais contrairement à certaines affirmations, le chef de l'Etat n'est "tenu par aucun délai" pour signer le texte de la loi fondamentale qui prévoit de constitutionnaliser l'institution qu'il dirige, souligne l'ancien formateur des juges. "Dès la mise en application de la nouvelle Constitution", les décrets pris par l'Anie "auront la même force de loi que ceux qui sont signés par le Premier ministre", s'enorgueillit-il en insistant sur la tenue d'élections "transparentes". "Plus personne ne pourra frauder aux élections", promet-il encore, même s'il se montre hostile au recours à l'usage du vote électronique. Pourquoi ? "Techniquement, cette opération est facile à réaliser. Mais il y a d'autres façons de frauder, et moi, je ne veux prendre aucun risque", dit-il sans fournir plus de détails. Sur un autre plan, Mohamed Charfi a annoncé que l'Anie rendra public le rapport définitif sur le référendum portant révision de la Constitution qui est fin prêt. Ce rapport contient des remarques sur toute l'opération électorale, du début de la campagne jusqu'à la proclamation des résultats définitifs.