Le constat est largement partagé : depuis plusieurs jours, le nombre des nouvelles contaminations est en baisse. Selon les derniers chiffres communiqués, les nouveaux cas de contamination sont passés au-dessous de 300. Au cours des dernières 24 heures, il a été enregistré l'infection de 262 personnes par la Covid-19 et le décès de sept personnes. Ce qui laisse à penser que l'activité virale a pris une tendance baissière. A priori, les bilans du Dr Fourar se déclinent comme un nouveau "mini-exploit", en termes de contrôle de l'épidémie, lorsque l'on sait qu'il y a un peu plus d'un mois, le gouvernement mettait tout le monde sous pression en évoquant l'éventualité de recourir aux hôpitaux de campagne pour faire face au flux grandissant des contaminés par la Covid-19. La deuxième vague a d'ailleurs été clairement annoncée, au lendemain du passage du cap du millième cas en 24 heures. Le pic national de l'épidémie avait d'ailleurs atteint, le 24 novembre dernier, plus de 1 133 nouveaux cas. Et depuis le début du mois de décembre, force est de constater que les courbes de contagion avaient entamé une sérieuse décrue assimilable aux performances réalisées durant la fin de l'été, à l'origine de l'amorce du déconfinement graduel. Cette baisse constante, qui dure maintenant depuis ldébut décembre, est observable aussi dans les services hospitaliers, puisque la pression sur le personnel soignant se desserre. Les derniers bilans communiqués par le Comité scientifique ont pratiquement tous fait ressortir que le nombre de patients placés en soins intensifs oscille entre trente et quarante en 24 heures. Les unités de réanimation ne fonctionnent plus sous la pression comme aux mois d'octobre et de novembre. Ces données suggèrent-elles une décroissance logique d'une activité virale ou bien y aurait-il d'autres facteurs à l'origine de cette décrue ? Pour les praticiens qui mènent encore la lutte contre le coronavirus, cette nouvelle situation sanitaire, qui inspire moins d'inquiétude, semble être une résultante directe de l'application stricte des règles sanitaires préventives imposées par le gouvernement. Autrement dit, la présence plus accrue des autorités sur le terrain et la prise de conscience des citoyens de la dangerosité du virus qui les guette sont pour beaucoup dans cette accalmie épidémique. Pour le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital de Boufarik, le hasard ou le miracle n'ont pas de place dans cette bataille de lutte contre une maladie virale aussi dangereuse que la Covid-19. "Les courbes d'hospitalisation sont en constante baisse, ce qui est un bon signe et est rassurant. La situation n'est plus tendue dans les hôpitaux", assure le Dr Yousfi. Pour sa part, le Pr Hacène Messaoudi, sur le front au CHU Mustapha-Pacha, soutient que les services dédiés à la prise en charge de la Covid-19 ne subissent pas la pression des mois d'octobre et de novembre. Comment faire pour maintenir et raffermir cette tendance baissière en ces temps de grand froid hivernal ? "Les patients testés chez le privé échappent à la statistique officielle" Nos interlocuteurs n'y sont pas allés par trente-six chemins pour insister sur l'application des règles sanitaires. "Pour vraiment sortir du tunnel, les citoyens doivent résister encore durant ces mois de froid, le temps que la campagne de vaccination anti-Covid débute et atteigne sa vitesse de croisière." Pour les blouses blanches, le raffermissement des mesures restrictives permettra d'éviter la survenue d'un nouveau rebond épidémique dans les semaines à venir. Dans le cas où l'épidémie viendrait à repartir à la hausse une nouvelle fois, la "troisième vague" pourrait être plus importante, mettent-ils en garde. Cependant, il y a, cependant, lieu de se demander si cette baisse n'est pas trompeuse et si elle reflète vraiment la réalité de la situation sanitaire dans la mesure où les personnes asymptomatiques, qui se confinent chez elles ou qui ne transitent pas par le circuit officiel, échappent manifestement aux radars des autorités sanitaires. Pour obtenir quelques explications, nous avons tenté de joindre les services compétents du ministère de la Santé. En vain. Et le site de la carte épidémiologique ne détaille pas suffisamment les raisons sur les données épidémiologiques qui peuvent considérablement varier d'une wilaya à une autre. Jusque-là, c'est uniquement les tests réalisés dans les services hospitaliers qui sont, selon toute vraisemblance, reportés sur les tableaux récapitulatifs du ministère de la Santé, alors que le nombre des examens de contrôle antiviral réalisés chez le privé est en constante augmentation. Le Pr Mohamed Belhocine, qui est un membre du Comité scientifique, n'a pas omis de relever, dans un entretien publié dans les colonnes de Liberté du 12 novembre dernier, qu'un nombre important de patients échappe aux statistiques officielles. "Les privés n'ont pas pris l'habitude de notifier systématiquement les cas identifiés aux services compétents du ministère de la Santé. Ce qui laisse supposer qu'une partie des patients infectés et qui vont chez le privé échappe à la statistique officielle. Il y a aussi des malades qui ont des formes légères ou asymptomatiques qui ne se rendent pas dans les hôpitaux. Ils restent chez eux et guérissent après s'être fait prescrire un traitement par le pharmacien. Ces derniers aussi échappent au décompte officiel du ministère et aux enquêtes épidémiologiques", a affirmé le Pr Belhocine. Cette déclaration prouve que beaucoup reste à faire en matière de stratégie de communication sanitaire, d'autant que le président de la République avait relevé, lors de la réunion du 9 juillet dernier consacrée à la situation sanitaire du pays, l'urgence de procéder à "la révision de la stratégie de communication" basée jusqu'ici sur la simple énonciation des chiffres. "Une stratégie doit plutôt s'appuyer sur des explications plus pertinentes à travers les radios locales et des messages plus éloquents pour sensibiliser les citoyens aux dangers du non-respect de la distanciation physique et des mesures de prévention dans les lieux de rassemblement."