Des voix en Libye, en dehors des soutiens traditionnels au défunt colonel, pensent que son fils Seif al-Islam Kadhafi pourrait jouer le réconciliateur entre les différentes parties en conflit depuis près de dix ans. La Russie s'est dit favorable au retour des Kadhafi sur la scène politique libyenne, en demandant aux parties libyennes de les inclure dans le processus de sortie de crise en cours, sous l'égide de l'ONU, a indiqué le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Virchinine, cité par le média moscovite Sputnik. "Il faut que les différentes forces politiques libyennes participent au Forum de dialogue national libyen, y compris les partisans de l'ancien guide libyen Mouammar Kadhafi", a déclaré M. Virchinine, soulignant : "Nous partons du fait que la responsabilité principale dans la prise de décisions aussi importantes incombe aux Libyens eux-mêmes", en référence aux élections prévues pour le 24 décembre prochain, fixées comme objectif à atteindre par la médiation onusienne, malgré les graves divisions qui minent le dialogue de Tunis. "De telles décisions doivent s'inscrire dans le cadre d'un dialogue national à la plus grande échelle possible, avec la participation des forces politiques libyennes, y compris des partisans de l'ancien dirigeant national libyen Mouammar Kadhafi", a-t-il encore soutenu. Outre le fait que les propos du diplomate russe sont révélateurs du fragile dialogue inter-libyen en cours, son soutien à une réintégration des Kadhafi et de leurs soutiens dans le jeu politique libyen est une option défendue par de nombreuses voix en Libye et ailleurs. En tant que pays voisin et avec son principe d'inclusivité, l'Algérie soutient une telle option, visant à réconcilier les Libyens entre eux. En avril 2015, Alger a d'ailleurs organisé la première réunion inter-libyenne qui avait vu la participation des partisans de l'ancien régime de Tripoli, restés fidèles à M. Kadhafi même après sa mort, bien que cette rencontre n'ait pas pu avoir les prolongements espérés pour une sortie de crise rapide dans ce pays. Mais avec l'enlisement du conflit en Libye et l'aggravation des divisions entre les différentes parties en conflit, un retour du fils de l'ancien guide, son fils Seif al-Islam Kadhafi, est considéré comme une piste sérieuse pour une sortie de crise dans ce pays, en guerre depuis 2011. Pressenti avant la chute de l'ancien régime de Tripoli à succéder à son père, Seif al-Islam a déjà fait part de son intention de se présenter à l'élection présidentielle, si elle venait à avoir lieu. En dehors de Syrte, ville natale et fief de la tribu des Kadhafi, Seif al-Islam bénéficie du soutien de nombreuses tribus, aussi bien dans l'Est que dans l'Ouest libyens, où il était détenu par les forces armées de Zinten de novembre 2011 à juin 2017. Bien que recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour son présumé rôle dans la répression meurtrière de la révolte de 2011, Seif al-Islam est toujours en liberté, les Libyens n'ayant aucune intention de le remettre aux mains de la justice internationale. Loin des considérations tribales ou partisanes, beaucoup de Libyens pensent que la Libye peut bénéficier de l'expérience que s'est forgée Seif al-Islam dans l'exercice du pouvoir, du temps de son défunt père, pour remettre le pays sur les rails. Mais le passif politique du régime dirigé par ce même père demeure un handicap pour son retour sur la scène et une réhabilitation des Kadhafi.