Le gouvernement planche sur la gestion des subventions et la réorientation des aides de l'Etat vers les couches sociales les plus démunies. Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, a annoncé, lundi, qu'une révision de la politique des subventions de l'Etat est en cours. L'idée d'aller vers un dispositif de ciblage des catégories sociales "qui en ont le plus besoin" devrait se concrétiser au deuxième semestre de l'année en cours, à en croire le ministre des Finances. Invité dans les studios de la Radio algérienne, Aymen Benabderrahmane a expliqué que son département a, d'ores et déjà, "défini les critères ouvrant droit à ce soutien", soulignant qu'il "n'est anormal que les catégories aisées acquièrent les produits subventionnés au même prix que les citoyens à faible revenu". Le ministre y voit "une injustice" dans la répartition du soutien de l'Etat. "Nous œuvrons pour que le soutien de l'Etat profite aux citoyens qui en ont le plus besoin", soutient-il. Les multitudes de subventions directes et implicites inscrites au chapitre de l'action sociale de l'Etat grève son budget. Le premier argentier du pays a fait savoir, à ce propos, que l'enveloppe destinée au soutien au titre du budget 2021 avait été portée à 17 milliards de dollars, soit 1 960 milliards de dinars. Le gouvernement sait qu'il est pour le moins insensé de perpétuer cette politique de subventions généralisées, car pouvant déboucher sur une impasse budgétaire insurmontable. D'autant plus que l'année 2020 s'est achevée dans la confusion, marquée par la récession et le creusement des déficits budgétaire et courant. Dans cet environnement fragile, l'Exécutif décide de reprendre à son compte le projet de réforme tant voulue du dispositif des subventions généralisées qui profite à la fois aux riches, aux pauvres, aux entreprises, aux pays voisins, etc. Cette refonte est l'un des plus grands défis économiques qui s'offrent au gouvernement. Les pouvoirs publics ont entrepris un travail de réforme avec la Banque mondiale, dont l'objectif était de cibler l'aide de l'Etat en faveur des ménages vulnérables. Les travaux de ladite réforme se sont déroulés entre mars et juin 2018, et la mise en œuvre du projet devait intervenir fin 2019, mais ajournée pour des raisons, jusqu'ici, inexpliquées. L'idée d'aller vers un budget complémentaire au profit des ménages démunis était défendue par plusieurs économistes, mais les précédents gouvernements ne voulaient pas en entendre parler. Les risques politiques et sociaux étaient trop importants car vérité des prix appelle nécessairement une révision de la politique salariale.Or, après le rattrapage salarial de 2011-2012, qui s'était traduit d'ailleurs par une importante tension inflationniste, la masse salariale avait connu un net rebond, pesant pour 60% du budget de fonctionnement. Et il y a fort à parier que la refonte de l'action sociale de l'Etat ne débouchera pas sur un mécanisme de transfert monétaire, étant donné sa complexité et les risques qu'il fait peser sur les autres catégories sociales, complètement laminées par l'érosion monétaire de ces dernières années. Complexité en raison de l'absence d'un répertoire exhaustif des ménages en difficulté, étant donné le poids de l'informel dans l'économie. Dans le même temps, un projet de transfert monétaire au profit des plus modestes risque de faire subir aux classes moyennes l'essentiel des sacrifices exigés par la réforme. La hausse à répétition des prix des carburants et autres produits, la dévaluation du dinar et la pression fiscale de ces dernières années ont été supportées essentiellement par les classes moyennes pendant que les politiques publiques de l'Etat-providence continuaient à mobiliser d'importantes ressources.