Le ministère du Commerce suggère aux ménages concernés par le système des subventions ciblées de recourir à un moyen de payement assurant à la fois la traçabilité et la sécurité, tel le chèque. «Les subventions seront adressées directement aux personnes concernées. Les bénéficiaires seront classés par catégories et le montant de la subvention sera proportionnel au revenu des ménages. Les ménages concernés recevront des chèques mensuellement en guise de subvention», a fait savoir Mohamed Benmeradi dans un entretien à l'agence APS. Le fichier national des personnes physiques nécessiteuses et destinataires de subventions sera élaboré avec la collaboration essentiellement du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) et des directions de l'action sociale des wilayas (DAS), a-t-il ajouté. Le dossier des subventions «est le plus gros dossier qui est sur la table du gouvernement», a souligné le ministre, relevant que «l'intérêt de cette réforme est de mettre de côté le système de subvention généralisée pour aller vers un système ciblé». Confronté à la chute des prix du pétrole depuis 2014, le gouvernement envisage de réformer le système des subventions, jusqu'ici réputé intouchable. La levée du système des subventions se fera de manière graduelle et des tests seront effectués par région, par catégorie de ménages, par produit et en fonction des revenus des consommateurs, avait assuré, jeudi dernier à Oran, le ministre du Commerce. Héritage de l'économie administrée, le système des subventions est jugé injuste car il favorise mécaniquement ceux qui consomment le plus : les plus riches. «Les 20% d'Algériens les plus riches consomment six fois plus de carburant que les 20% les plus pauvres» et «les subventions à l'électricité profitent aussi de manière disproportionnée aux riches», aux maisons vastes et climatisées, soulignait, en 2016, Andrew Jewell, économiste au FMI. Le système actuel, très généreux, grève les finances publiques à l'heure de la chute des prix du pétrole, qui assure 60% des recettes budgétaires. La loi de finances 2018 budgète une hausse de 7,9% des dépenses liées au système social (subvention de nombreux produits de base, aides aux logements, éducation et soins gratuits). Ces dépenses sociales représenteront en 2018 quelque 1760 milliards de dinars, soit 8,4% du PIB et environ 20% des dépenses de l'Etat. Dans le détail, le gouvernement a réservé 64% des transferts sociaux pour les soutiens directs et indirects aux familles (subvention des prix des produits de base à 183,2 milliards de dinars), à la santé (331,7 milliards) et (396,1 milliards). Début janvier, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouia, affirmait que la question de la révision de la politique des subventions sera une priorité pour l'Etat et elle sera «ciblée» pour «mettre fin à la pratique du ‘‘tout-subvention''». La réforme des subventions «généreuses et inefficaces» exige par contre de meilleurs dispositifs de protection sociale, un système de transferts monétaires bien ciblé et une campagne médiatique globale, notait la Banque mondiale en octobre dernier.