En Tunisie, les manifestations contre le système ont cessé durant le week-end amorçant une relative accalmie, après six nuits de heurts entre manifestants et forces de l'ordre; des troubles nocturnes survenus dans les quartiers défavorisés des principaux gouvernorats du pays. Les délégations (communes) de Mazzouna, Meknassy et Menzel Bouzayane du gouvernorat de Sidi Bouzid, ont retrouvé leur calme jeudi, après une nuit de manifestations et d'affrontements avec les forces de l'ordre, a annoncé Mosaïque FM, en rappelant que "des jeunes ont bloqué les accès et les routes principales près des sièges d'entreprises publiques". "Des pneus ont été brûlés et des barricades ont été installées. Des heurts ont éclaté forçant les unités sécuritaires à utiliser le gaz lacrymogène pour disperser les manifestants", a rappelé en outre ce média. "Une baisse relative de nombre de mouvements nocturnes ayant secoué le grand district de Tunis durant les derniers quatre jours a été constatée mercredi", a déclaré le porte-parole de la Garde nationale, Houssemedine Jebabli. Profitant de ce calme, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a appelé, jeudi, les étudiants à regagner progressivement les foyers universitaires afin de se préparer à la reprise des cours et des examens, le 25 janvier 2021. C'est ce moment qui a été choisi aussi par un certain nombre de représentants de la société civile et les familles des personnes emprisonnées pour organiser une manifestation à Siliana pour exiger la libération de leurs enfants arrêtés. En effet, sur les revendications exprimées lors des manifestations à l'occasion du 10e anniversaire de la chute du régime de Benali, le 14 janvier 2011, portant notamment sur la chute du régime politique, au jugement des corrompus et à la démission du gouvernement, est venue se greffer une nouvelle demande pour la libération des personnes arrêtées lors des troubles nocturnes. Dans ce contexte, les familles qui s'étaient réunies, mercredi, devant le tribunal de première instance de Tunis ont demandé la libération de leurs enfants. Ces derniers font partie d'au moins 1000 personnes, dont 30% de mineurs qui ont fait l'objet d'arrestations du 17 au 20 janvier, selon un décompte fait par des ONG, qui dénoncent des "campagnes d'arrestations arbitraires", un "usage excessif de la force" et de nombreux cas de "maltraitance". "Certains ont été arrêtés sans avoir participé aux manifestations, suite à des interventions à leur domicile", a indiqué Bassem Trifi, de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) lors d'une conférence réunissant une dizaine d'associations, dont la LTDH, le Syndicat de journalistes ou encore l'Association tunisienne des jeunes avocats. D'autres sont mis en examen et écroués pour leurs activités militantes ou des publications sur Facebook soutenant le mouvement de protestation, dont l'un au moins encourt six ans de prison selon les ONG. Ces pratiques "ne feront qu'alimenter la colère de la rue contre le système sécuritaire et aggraver la crise de rejet envers l'Etat", ont-elles averti. Les heurts qui ont opposé des jeunes de quartiers populaires à la police six nuits durant, ont fait également d'importants dégâts matériels, des actes de violence, de vandalisme et de pillage des biens publics, qui ont fait réagir le gouvernement de Hichem Mechichi, la classe politique (Ennahda, Qalb Tounes et beaucoup d'organisations syndicales notamment la puissante organisation syndicale, l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), en dénonçant "les actes de vandalisme".