Le parti de Mohcine Belabbas juge qu'à quelques jours de la célébration de l'an 2 de la révolution de février, "les questions soulevées lors de ce formidable mouvement restent entières." Situation socioéconomique du pays de plus en plus inquiétante, régression des droits de l'Homme et des libertés de conscience, justice malmenée, absence de perspective en raison de l'impasse politique... le RCD a dressé un tableau sombre, jeudi, lors de la réunion de son secrétariat national, tenue à Alger. Dans un communiqué diffusé hier, le parti de Mohcine Belabbas affirme que "la faillite n'est pas loin". La cause, affirme-t-il, le chômage qui augmente, le niveau de vie et le pouvoir d'achat des citoyens qui continuent de baisser et le dinar qui poursuit sa chute vertigineuse. Résultat : "La paupérisation gagne, ainsi, de larges couches de la société alors que le gouvernement est incapable d'endiguer cette descente aux enfers", lit-on dans le document qui pointe, par ailleurs, la responsabilité des dirigeants qu'il estime incapables d'endiguer cette situation. Dans pareil contexte, l'absence prolongée d'Abdelmadjid Tebboune, soutient le RCD, confirme que "l'essentiel des décisions engageant l'avenir du pays se prend loin de la façade civile du système". Les véritables décideurs, estiment encore les rédacteurs du communiqué, sont dans l'impasse. "Ils n'ont que les pseudo-élections à proposer comme feuille de route", dit le document, en rappelant l'exemple de la déroute de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019. "Des élections discréditées par le caractère illégitime du pouvoir en place, lui-même issu de la présidentielle du 12 décembre rejetée par l'écrasante majorité des Algériens. Une attitude et position politique renouvelées et confirmées lors du référendum constitutionnel." Le RCD n'a pas manqué, par ailleurs, de revenir sur l'affaire de l'islamologue Saïd Djabelkhir, qui continue de défrayer la chronique. Le communiqué, en plus de dénoncer le procès intenté à l'islamologue, note que la vigilance des Algériens qui se sont élevés contre la cabale menée contre Djabelkhir est rassurante. Pour le RCD, cette affaire est "probablement une aubaine pour créer une énième diversion, attitude classique des officines de ce système, le procès intenté à l'islamologue Djabelkhir inquiète et scandalise. La justice, sans cesse malmenée car actionnée et toujours rendue sur injonction, est, cette fois-ci, convoquée pour interpréter la religion. La levée de boucliers des Algériens ne s'est pas fait attendre dans les espaces d'expression encore libres ; elle est rassurante et est à saluer", affirme le RCD. Abordant la question des détenus d'opinion, le parti de l'opposition qualifie d'effarant le traitement réservé à Walid Nekkiche, victime de torture et de sévices sexuels lors de sa détention. "L'étudiant Walid Nekkiche qui a retrouvé la liberté, après plus de quatorze mois d'une détention provisoire arbitraire, a révélé lors de son procès avoir été torturé et abusé sexuellement. Le parquet n'a décidé de l'ouverture d'une enquête que parce que contraint par une indignation populaire sans précédent. Le RCD condamne avec la plus grande fermeté tous les actes qui portent atteinte à l'intégrité physique et morale et à la dignité humaine. Il combattra de toutes ses forces cette barbarie d'un autre âge", lit-on dans le communiqué, qui évoque, en outre, le cas de l'activiste politique Rachid Nekkaz, en détention provisoire depuis plus de 14 mois. Pour le RCD, le transfert de Nekkaz de sa prison de Koléa (Tipasa) vers celle d'El-Bayadh est inacceptable et s'apparente à une véritable déportation. Tout en renouvelant son appel à une transition démocratique, le RCD rappelle que les Algériens ont le droit de protester pacifiquement et de dénoncer les multiples abus à leur encontre. "À quelques jours de la célébration de l'an 2 de la révolution de février, les questions soulevées lors de ce formidable mouvement restent entières. Plus que cela, la dégradation de la situation sociale et des libertés est effarante. Les Algériennes et les Algériens sont en droit de protester et de dénoncer une telle situation par tous les moyens pacifiques."