Les banques Goldman Sach et JP Morgan n'excluent pas la possibilité de voir les cours du pétrole atteindre "sporadiquement les 100 dollars". Cet optimisme repose, notamment, sur les anticipations d'une croissance économique "soutenue" dans les pays où le taux de vaccination contre le Covid-19 a atteint un niveau "satisfaisant", sur une "reprise" de la demande de pétrole et sur un "redémarrage" des activités dans les secteurs les plus touchés par la récession. Selon Ann-Louise Hittle, spécialiste du pétrole chez la firme Wood Mackenzie, citée par des médias internationaux, la demande de pétrole pourrait augmenter de plus de "six millions de barils par jour cette année". La géopolitique pourrait également créer une "pression à la hausse", note encore Ann-Louise. Ainsi, des attaques sur un port de réservoirs pétroliers en Arabie saoudite dimanche dernier ont conduit à une "augmentation" des prix de l'or noir. C'est cependant du côté de l'offre pétrolière que des incertitudes persistent. Lors de leur dernière réunion, l'Opep et ses alliés ont convenu de continuer à limiter leur production pour un mois. Ce sont sept millions de barils de production par jour qui sont mis de côté. L'Opep et ses partenaires feraient ainsi face à un marché serré. Mais pour combien de temps ? Pour certains experts, l'Arabie saoudite n'aurait aucun mal à augmenter sa production du jour au lendemain, si elle le veut. L'Arabie saoudite, c'est un pays qui peut ajouter assez facilement un million de barils par jour sur les marchés. Elle n'a même pas à développer de nouveaux champs. Les producteurs américains dans les réservoirs de schiste pourraient également accroître la leur. Evidemment, plus les prix du brut augmenteraient, plus il serait difficile de résister à la tentation de relever la production, l'objectif étant de générer plus de revenus pétroliers, a fortiori dans un contexte de crise économique mondiale. Patrick Pouyanné, P-DG de Total, est peu optimiste, lui, sur les perspectives du prix du pétrole, alors qu'il vient de s'envoler à plus de 70 dollars. Il a eu cette déclaration : "Je pense que le bon prix du pétrole se situe plutôt entre 50 dollars et 60 dollars le baril." Il a, par ailleurs, estimé que la demande en pétrole va baisser à l'horizon 2030. Des prévisions plutôt démoralisantes ? À partir du moment où les usines redémarrent, que l'industrie reprend et que le transport de marchandises continue, la consommation en pétrole augmente. Mais s'agit-il d'une tendance lourde qui est en train de se dessiner ? C'est là toute la question qui importe en réalité.