Le nouvel exécutif vient ainsi de franchir le premier écueil pour entamer, dans la difficulté malheureusement, la gestion de la période de transition, avec la délicate mission de préparer les élections du 24 décembre Le Gouvernement d'union nationale, dirigé par Abdelhamid Debeïbeh, a obtenu hier la confiance du Parlement, un vote salué comme "historique", pour un exécutif qui aura la mission de gérer la période de transition jusqu'aux élections législatives et présidentielle prévues le 24 décembre prochain, dans le cadre du processus onusien. Après deux jours d'intenses débats à Syrte, centre de la Libye, le Parlement élu a approuvé l'équipe d'Abdelhamid Debeïbah par 121 voix sur les 132 députés présents (le Parlement compte 175 membres), selon des images retransmises en direct à la télévision. "Je vous remercie pour votre confiance", a réagi ce milliardaire de 61 ans, qui avait été désigné Premier ministre le 5 février par 75 responsables libyens de tous bords réunis à Genève sous l'égide de l'ONU, en même temps qu'un Conseil présidentiel de trois membres. Les députés libyens étaient réunis depuis lundi dans la ville de Syrte, à mi-chemin entre les régions rivales de l'Est et de l'Ouest. Ils ont longuement débattu de la composition du gouvernement Debeïbah, de la répartition géographique des postes et de sa feuille de route. L'ONU avait salué lundi une "session historique" et une "étape cruciale" pour l'unification du pays, alors que le Parlement élu, profondément divisé, s'était très rarement réuni ces dernières années. "Ce sera le gouvernement de tous les Libyens", a promis hier le Premier ministre, visiblement ému, dans un bref discours après le vote. "La Libye est une et unie", a clamé M. Debeïbah, originaire de Misrata (Ouest). Le président du Parlement, Aguila Saleh, a pour sa part salué "un jour historique". Le Premier ministre a présenté un gouvernement "représentatif de tous les Libyens", composé de 2 vice-Premiers ministres, de 26 ministres et de 6 ministres d'Etat. Deux ministères régaliens, les Affaires étrangères et la Justice, ont été attribués à des femmes, une première en Libye. M. Debeïbah devra désormais unifier les institutions libyennes et mener la transition jusqu'aux élections du 24 décembre, programmées dans le cadre du processus onusien. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est minée par le chaos, les divisions et les luttes d'influence sur fond d'ingérences étrangères. La Libye est divisée depuis des années entre le gouvernement d'entente nationale à Tripoli et l'est du pays contrôlé par une administration soutenue par le maréchal Khalifa Haftar. La fin des combats l'été dernier et le lancement d'un processus politique sous l'égide de l'ONU ont ravivé l'espoir d'une relance de l'économie de ce pays pétrolier d'Afrique du Nord, jadis parmi les plus prospères de la région. Le secteur névralgique de l'énergie, qui du temps de Kadhafi permettait de financer un Etat providence, a pâti de la guerre – pétrole dilapidé, infrastructures endommagées, non entretenues, blocus. Le Premier ministre devra aussi répondre aux attentes pressantes des Libyens dont le quotidien est marqué par d'importantes pénuries de liquidités, d'essence, d'électricité et par une inflation galopante. Les infrastructures sont à plat, les services défaillants. Les défis restent colossaux après 42 ans de dictature et une décennie de violences depuis l'intervention internationale sous le couvert de l'Otan, déclenchée en mars 2011 et conclue en octobre de la même année par l'assassinat de l'ancien guide la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, dans son fief de Syrte.