Le président du RCD a abordé, entre autres, la crise de Kabylie, l'élection de 2004, la politique de la concorde civile, et la situation nationale en déclarant que “jamais l'Algérie n'a été à ce point menacée...” Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a abordé, dans une interview publiée hier, au quotidien Le Soir d'Algérie, plusieurs thèmes d'actualité. Saïd Sadi a ainsi estimé que la crise de Kabylie pose “le problème fondamental de la nature de l'Etat et des libertés face à un régime archaïque”. Selon lui, cette crise “va perdurer”, parce qu'elle est otage des intérêts du président Bouteflika qui rechercherait la neutralisation d'un “électorat où seuls ses adversaires pourraient mobiliser” et de la gestion du pouvoir, caractérisée par l'absence de “bilan” et de “projet”. “Entretenir le bourbier kabyle permet de faire diversion et d'éviter ou, du moins, de brouiller le débat sur ces deux sujets”, a déclaré le leader du RCD. Ce dernier a également rejeté l'option de “troisième voie” pour la région de Kabylie, en plaidant pour “la refondation nationale”, qui exige, selon lui, “la mobilisation de la majorité patriotique”. “Elle est incontournable pour toute la nation, coincée entre l'islamisme et la menace du retour de l'hégémonie politico syndicale”, a-t-il appuyé, en désignant l'ex-parti unique et l'UGTA. Sadi s'est présenté comme un présidentiable, estimant que le projet initié par sa formation est “partagé par l'essentiel des forces patriotiques” et “fait consensus, voire l'unanimité dans le camp démocratique”. Mais il a préféré ne pas trop s'étendre sur le sujet, se limitant à affirmer que l'élection de 2004 “sera ce que les Algériens en feront”. Il a défendu la politique de la concorde civile, telle que lancée initialement, persuadé que la recrudescence du terrorisme est due à “la non-application des dispositions”, à savoir : “dépôt d'armes sans condition, jugement des auteurs de crimes de sang et de viols, non-réhabilitation du FIS.” Sadi va même jusqu'à reprocher au chef de l'Etat de “ménager le courant islamiste” et de “renier tous ses engagements”. Analysant la situation nationale, il a indiqué plus loin : “Jamais l'Algérie n'a été à ce point menacée par le cynisme, l'irresponsabilité et (...) par l'incompétence de ses dirigeants.” Il a reconnu que les divergences apparues entre la Présidence et l'institution militaire ne reflètent pas “effectivement la vie publique”, le contraignant à “décoder des ‘visions diamétralement opposées'”. Le responsable du RCD a même parlé de “brouillage de la lisibilité politique”, mettant en exergue les contradictions dans la démarche du président de la République et dans celles du Chef du gouvernement et du ministre des Affaires étrangères. “Les citoyens, comme nos partenaires, cherchent en vain le cap que veut prendre l'Exécutif”, a-t-il noté, avant d'ajouter : “La seule donnée visible, c'est la répression du courant démocratique.” Le président du Rassemblement a aussi abordé d'autres questions, comme celle qui se rapporte aux accusations contre Abane Ramdane. D'après lui, cette agression n'est rien d'autre qu'une “volonté délibérée de priver l'Algérie d'un nouveau destin”, d'“assassiner l'avenir”, s'inscrivant dans le cadre de “la stratégie de mobilisations tribales contre l'Algérie républicaine”. Sadi a, en outre, remarqué qu'en Algérie, “tout se passe comme si la vie s'était arrêtée aux années 1970, où le sacrifice de la Guerre de Libération autorisait toutes les fantaisies”. Pourtant, il trouve que le monde est “à la veille de bouleversements historiques majeurs”, où la chute de Saddam Hussein “est inéluctable” ou, dans le pire des cas, les Etats-Unis “vont renforcer la chaîne des autoritarismes qui sévissent sur le monde musulman avec les dérives intégristes que l'on imagine”. “La politique étrangère, a confié Sadi, n'a pas vocation à brouiller la scène nationale ou à impressionner ses compatriotes.” Interrogé sur son parti, particulièrement sur son redéploiement sur la scène nationale, le responsable a indiqué : “Le RCD a sa place et sa mission. Il l'assume en permanence et où il se trouve.” Il a situé le RCD dans le courant patriotique et démocratique, en apportant les précisions suivantes : “Notre courant a ses repères : la proclamation du 1er Novembre et la plate-forme de La Soummam (…) ; il a son projet : le parachèvement de la Guerre de Libération par un Etat démocratique et social.” H. A.