Le Rassemblement Actions Jeunesse a appelé hier à un "saut qualitatif" du Hirak en "capitalisant les énergies de ce mouvement porteur d'une dynamique et d'une énergie extraordinaires" mais qui, désormais, doit trouver son "prolongement politique naturel" à travers l'élaboration d'une "feuille de route consensuelle", a affirmé, hier, son président, Abdelouahab Fersaoui, lors d'une conférence-débat organisée à l'occasion du 28e anniversaire de l'association. Après avoir fait le bilan des deux ans du Hirak, le conférencier a estimé que le retour, depuis le 22 Février dernier, du mouvement populaire est "salutaire et à encourager", mais, avouera-t-il, cela reste "insuffisant". "Le retour des marches est indispensable, certes, mais il est important aussi de capitaliser ce parcours et de rassembler tout ce qui a été fait, parce que, beaucoup de choses ont été faites, beaucoup de propositions et d'initiatives ont été lancées, avec, en sus, l'émergence d'une nouvelle élite qui est très importante et qu'il faudra soutenir en lui donnant les moyens et la possibilité de contribuer au changement démocratique", a soutenu Fersaoui, en présence de l'avocat Mustapha Bouchachi, invité de la conférence. "Aujourd'hui, nous sommes tous interpellés pour donner un nouveau souffle au Hirak en lui donnant un contenu politique. Il est très important de créer des synergies des différentes dynamiques qui ont émergé", a-t-il analysé, estimant qu'il s'agit aujourd'hui d'une chance inouïe de renouer avec l'action politique. "Le pouvoir en place a pendant longtemps œuvré à isoler la société de l'action politique. Il a longtemps combattu, à travers des stratagèmes connus, toute velléité d'autonomie de la société civile. Le Hirak a le mérite d'avoir totalement inversé cette donne", a affirmé l'orateur devant un parterre de journalistes, d'avocats et de militants du RAJ. Dans sa prise de parole, Abdelouahab Fersaoui n'a pas manqué de revenir, en outre, sur les dernières marches populaires et les trajectoires que certains cercles tentent de lui imposer. "Il y a des tentatives de polariser le Hirak avec le retour au paradigme des années 90. Il ne faut pas se tromper, il y a une très grande différence entre ce qui se passe et se dit sur les réseaux sociaux et ce qui se passe sur le terrain", a averti le conférencier. Bouchachi appelle au rejet des prochaines élections Une analyse partagée par Mustapha Bouchachi, avocat et acteur du Hirak. Invité à prendre la parole, Me Bouchachi a rappelé que le Hirak a suscité un "immense espoir", et que la reprise des marches, depuis le 22 février 2021, après une année d'interruption, démontre que "ce mouvement a encore le souffle long", a-t-il estimé, en déplorant, par ailleurs, que "l'armée" n'ait pas tendu la main à cette révolution citoyenne "unique dans le monde". "Le régime, ou plutôt l'institution militaire, avait une chance d'accompagner cette révolution et passer à une Algérie nouvelle et démocratique. Mais, au lieu de tendre la main aux Algériens, il s'est entêté à imposer sa feuille de route, avec l'organisation de l'élection présidentielle et le référendum sur la Constitution qui, du reste, n'ont en rien résolu la crise, et le résultat est perceptible aujourd'hui par tout un chacun", a affirmé Me Bouchachi. Pis encore, soutient l'orateur, le régime qui "tient vaille que vaille à se maintenir contre la volonté de millions d'Algériens va, encore une fois, organiser une autre élection (les prochaines législatives, ndlr)". Un choix, prévient-il, qui n'est pas sans occasionner des risques au pays. "Elles auront pour seul objectif de casser la révolution des Algériens", a-t-il averti, en appelant à maintenir la mobilisation de la rue. K. B.