Le Hirak est loin de s'essouffler dans la wilaya de Béjaïa. Pour preuve, l'impressionnante mobilisation citoyenne constatée hier lors de la 110e marche des vendredis dans la région. En cette journée printanière, on a assisté à une véritable marée humaine qui a déferlé sur la ville de Yemma Gouraya. À midi à peine passé, des manifestants venus des quatre coins de la wilaya commençaient déjà à affluer vers l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa, point de départ habituel des marches des vendredis depuis la naissance du Hirak, un certain 22 Février 2019. À 13h30, la procession humaine s'est ébranlée en arborant le drapeau national, l'emblème amazigh et des pancartes sur lesquelles étaient écrits les slogans phare du mouvement populaire. "La solution est de remettre le pouvoir au peuple", "Les élections du 12 juin = la restauration du régime", "Pour un Etat civil et non militaire", "Pour un Etat algérien sous forme de République sociale et non à la restauration d'une monarchie ou d'une théocratie révolue" (un extrait de la charte du Congrès de la Soummam) et "Zilzal à Béjaïa égal zilzal du pouvoir d'achat" sont, entre autres, les slogans portés sur des pancartes brandies par les manifestants de tous âges. Incontestablement, le slogan extrait de la charte du Congrès de la Soummam mentionnés sur des pancartes aux côtés des photos d'Abane Ramdane et de Larbi Ben M'hidi est le plus dominant dans la marche. Il s'agit pour les manifestants d'exprimer, indubitablement, leur attachement à cet idéal auquel tout un peuple aspire depuis l'indépendance. En sus de ces mots d'ordre portés sur des pancartes brandies par les manifestants, qui, dès l'entame de leur marche, n'ont pas cessé de scander à tue-tête d'autres slogans comme "Djazaïr hourra démocratia" (Algérie libre et démocratique), "Silmiya silmiya, Béjaïa hadharia" (pacifique, Béjaïa est une civilisation), "Ulac l'vot ulac" (pas d'élections), "Tahia ouled Amirouche" (vive les enfants d'Amirouche) et "Yesqet enidham" (le système mafieux tombera). Des slogans scandés sans relâche et en chœur par les milliers de manifestants durant tout leur manifestation. Un itinéraire qui les a menés, comme à chacune des marches des vendredis, depuis l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche en parcourant le grand boulevard traversant la cité Daouadji, la wilaya, la rue de la Liberté avant d'arpenter le boulevard Amirouche et faire un détour par le port et prendre fin à El-Qods. Comme la marche de vendredi dernier, aucune présence policière sur l'itinéraire de la marche n'est signalé et les manifestants ont préservé le caractère pacifique de leur manifestation, tout en affichant leur détermination à poursuivre leur combat jusqu'à son aboutissement.