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Un rassemblement empêché par la police à Béjaïa
Une vingtaine de manifestants ont été interpellés
Publié dans Liberté le 13 - 06 - 2020

Les hirakistes de la vallée de la Soummam ont organisé hier, deux rassemblements dans les chefs-lieux des daïras d'Akbou et d'Ifri-Ouzellaguen.
Alors que les deux rassemblements citoyens organisés, hier matin, à Akbou et Ouzellaguen, se sont déroulés, comme à l'accoutumée, dans un climat de sérénité, la manifestation de rue, prévue dans l'après-midi au chef-lieu de wilaya, a été empêchée par les services de sécurité qui ont quadrillé, dès la matinée d'hier, le centre-ville de Béjaïa. L'appel anonyme à la marche pour ce vendredi, lancé à travers les réseaux sociaux, n'a pas été finalement suivi par la population béjaouie.
Les quelques dizaines de manifestants qui ont osé se rassembler au niveau de l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche, ont été dispersés par les forces de l'ordre qui ont investi les lieux. Néanmoins, l'intervention musclée des services de police n'a pas manqué de provoquer l'ire de certains manifestants, venus notamment de la cité CNS et des quartiers environnants, lesquels ont investi le rond-point Nacéria pour y observer un sit-in. Ils étaient un peu plus de 200 personnes à scander des slogans habituels et hostiles au pouvoir.
Quelques minutes après, des policiers antiémeutes sont intervenus en lançant une grenade lacrymogène — une seule, selon nos interlocuteurs. Des escarmouches éclatent alors aux alentours de la cité CNS. On apprend que pas moins d'une vingtaine de personnes ont été interpellées, hier, par la police. Parmi elles, figure l'ancien policier Zahir Malaoui qui avait rejoint en mars 2019 les rangs des manifestants, alors qu'il était en uniforme.
Il y a lieu de signaler qu'un important dispositif de police a été mis en place dès le début de la journée. Plusieurs camions cellulaires, fourgons, voitures et motos de la police — ainsi que des véhicules banalisés — ont été positionnés dans les différents quartiers de la ville et plus particulièrement tout au long de l'itinéraire habituel des marches hebdomadaires.
Notons que bon nombre d'animateurs du hirak que nous avons rencontrés en marge de cette action, ont dénoncé ces appels anonymes à des marches, alors que la situation sanitaire demeure, selon eux "précaire", en témoigne le nombre de cas positifs qui continuent d'être enregistrés.
Par ailleurs, il y a lieu de signaler que les hirakistes de la vallée de la Soummam ont réussi leur pari d'organiser dans la même journée d'hier, deux rassemblements citoyens dans les chefs-lieux de daïra d'Akbou et d'Ifri-Ouzellaguen.
Ainsi, un collectif citoyen de la commune d'Ouzellaguen, mené par des militants de la section locale du Front des forces socialistes (FFS), a tenu son "4e rassemblement de la résistance" depuis le début de la période de confinement sanitaire, au niveau de la placette jouxtant la mosquée de Sellouana, un village périphérique de la ville d'Ighzer-Amokrane.
En plus de l'emblème national et l'étendard amazigh, les manifestants ont exhibé des pancartes portant les mots d'ordre de leur action, tels que "Libérez les détenus du hirak", "Halte aux arrestations et intimidations des hirakistes", "Système dégage !"... "Pour l'avènement de la deuxième République et l'organisation d'une Assemblée constituante souveraine", un autre slogan phare de la révolution du sourire a été transcrit sur une imposante banderole accrochée sur la façade principale d'une bâtisse bordant la RN 26.
Arborant le portrait du défunt héros Abane Ramdane, les jeunes hirakistes d'Ouzellaguen ont tenu à rendre hommage à l'architecte du Congrès de la Soummam à l'occasion de son centenaire (10 juin 1920-10 juin 2020). "Que le défunt Abane Ramdane puisse reposer en paix. Son combat ne sera pas vain.
Nous nous sommes engagés à poursuivre notre révolution pacifique du 22 février, jusqu'à l'instauration d'un véritable Etat civil, démocratique et social, tel que souhaité par les congressistes d'Ifri-Ouzellaguen et mentionné dans la charte de la Soummam", a lancé au micro le jeune militant Saïd Benarab, premier secrétaire communal du FFS. Même mobilisation et même engagement à Akbou, où quelques dizaines de hirakistes ont organisé, hier matin, une action similaire sur la place du colonel Amirouche.
Prenant la parole devant le siège de l'APC d'Akbou, le militant Zahir Benkhellat s'en est pris violemment aux tenants du pouvoir en place qu'il accuse d'avoir profité de cette période de confinement sanitaire pour "tenter de mater la révolution du sourire", en multipliant les actes de répression contre les activistes du hirak. Selon lui, pas moins de 161 militants et activistes du mouvement populaire né le 22 février ont été convoqués par les services de sécurité ces trois derniers mois.

K. O./M. O.


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