"Hier, nous avons enregistré des violences policières, très fortes. C'est une escalade très inquiétante", a affirmé hier la secrétaire générale du Partis des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, lors d'une intervention vidéo à l'occasion de la célébration de la Fête du travail du 1er Mai, commentant la violente répression des manifestants, à la fin de la marche de vendredi à Alger. En effet, des dizaines de manifestants avaient été violentés par les forces antiémeutes rue Didouche-Mourad aux environs de 15h30 et beaucoup d'entre eux ont été interpellés et emmenés dans plusieurs commissariats de la capitale, avant d'être relâchés tard dans la nuit. "Le PT insiste et réaffirme que le respect du droit syndical et politique et le respect de la souveraineté populaire sont la condition pour le renforcement de la nation contre tous les dangers intérieurs et extérieurs, pour la protection de la souveraineté de notre pays, pour éloigner l'anarchie et la violence et préserver l'aspect pacifique de cette révolution", a-t-elle appuyé, rappelant que "les droits démocratiques et syndicaux ne sont pas un cadeau de la part d'une quelconque autorité ou pouvoir, sous le parti unique, mais du sacrifice d'au moins 500 jeunes et de milliers d'autres handicapés à vie, lors de la révolte du 5 Octobre 1988". Pour elle, "il s'agit de droits acquis et non pas de droits octroyés. Il n'est donc pas possible à quiconque de les remettre en cause" et de les renier, dit-elle. "La répression est devenue totale et de manière folle, plus particulièrement depuis quelques temps", insiste-t-elle en évoquant l'emprisonnement injuste de notre collègue et correspondant à Tamanrasset, Rabah Karèche. "La couverture des faits et événements de manière objective est devenue un crime. C'est-à-dire qu'il est demandé aux journalistes de mentir sur la réalité et la déformer, alors qu'il y a déjà des médias qui font ça. Depuis la mise en branle de la contre-révolution et la démission d'Abdelaziz Bouteflika, une partie des médias s'est donné pour rôle de déformer les faits", a-t-elle dénoncé encore. "Le 1er mai 2019, les travailleurs sont sortis, après des décennies de privation de ce droit d'organiser des manifestations à cette occasion. Ils étaient nombreux et heureux de démontrer leur existence en tant que classe sociale indépendante de la nouvelle classe bourgeoise, de l'oligarchie et des prédateurs, dans un contexte de processus révolutionnaire du 22 février 2019", a-t-elle rappelé, estimant qu'"aujourd'hui, ce droit est menacé, après une année de suspension des marches", en raison des restrictions sanitaires dues à la Covid-19, et "sous-couvert de cette pandémie et de protection de la santé des citoyens". Aujourd'hui, "il est clair qu'il s'agit d'étouffer la révolution et la faire avorter, parce qu'il ne s'agit pas seulement du 1er Mai", a affirmé la SG du PT, rappelant que les manifestations de la classe ouvrière et des travailleurs ne se sont pas arrêtées en 2020 lorsque la situation était catastrophique. Evoquant dans le détail la Covid-19, Louisa Hanoune a critiqué la gestion par le gouvernement de la lutte contre la pandémie de coronavirus et a alerté contre ses effets sur l'économie nationale. "Si j'en parle, c'est parce que les travailleurs, tous secteurs confondus, sont directement menacés par cette pandémie", a-t-elle expliqué, soulignant que "c'est le rythme lent de la vaccination, qui n'a pas dépassé 1% qui tue aujourd'hui". Et de noter que les chiffres avancés par les autorités, concernant les cas de contamination et des décès à cause de Covid-19 sont loin de refléter une réalité du terrain, s'appuyant sur les comptes rendus quotidiens de la presse nationale et le constat de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), pour étayer ses dires.