Ils soupçonnent la tutelle de "vouloir gagner du temps" et disent "trancher la question" au cours de la réunion d'évaluation de la grève qui doit avoir lieu incessamment. Le débrayage de trois jours des travailleurs de l'éducation qui a eu lieu les 9,10 et 11 mai a fortement perturbé le fonctionnement des écoles sans que le ministère de l'Education nationale agisse pour arranger la situation. Il a fini, contre toute attente, par inviter les syndicats au dialogue dans le cadre de rencontres bilatérales prévues à partir du 17 mai. Mais les syndicats voient en cette initiative "une ultime manœuvre" pour "gagner du temps". Ils comprennent bien que la hantise du ministère est de voir les travailleurs de l'éducation, avec à leur tête les enseignants, boycotter les examens qui, hasard du calendrier, coïncideront avec les élections législatives. La grève des travailleurs, pour rappel, a eu lieu à l'appel de quatorze syndicats réunis dans une intersyndicale de l'éducation. "Nous ne comprenons pas que le ministère puisse appeler à dialoguer, encore une fois, alors que nos revendications sont claires et méritent une réponse urgente tant la situation est difficile pour les travailleurs de l'éducation dont notamment les corps communs", s'étonne Boualem Amoura, SG du Satef surtout que l'intersyndicale exige "des mesures urgentes". Il ajoute plus loin : "Pourquoi vouloir nous rencontrer individuellement dans le cadre de cet appel au dialogue alors que nous avons exprimé des revendications communes du moins celles qui portent sur l'amélioration du pouvoir d'achat et la retraite ?" Meziane Meriane, coordinateur du Snapest, n'en pense pas moins et nous fait part de ses craintes. "Il y a un risque pour que ce qui s'est déjà passé avec Nouria Benghabrit, l'ancienne ministre de l'Education, se reproduise. Nous avons travaillé sur le dossier du statut particulier des travailleurs de l'éducation pendant trois années entières pour que tous nos efforts partent en fumée". À ce propos, il a tenu à préciser que "s'il y a lieu d'aller à la rencontre des membres du ministère c'est pour leur demander où est donc passé ce fameux document qui est complètement ficelé et pour quelle raison il n'a pas été pris en considération ?" C'est d'ailleurs tout aussi valable pour Sadek Dziri de l'Unpef et Zoubir Rouina du CLA. Ce dernier, qui a déjà eu à décliner les invitations du ministère, pense continuer sur cette voie et soutient : "Certes c'est la réunion du bureau qui tranchera, aujourd'hui ou demain, cette question mais il est clair que nous restons très sceptiques quant aux intentions de notre tutelle." Les syndicats, semble-t-il, soupçonnent aussi la tutelle de "vouloir jouer la carte de la division" à trop focaliser sur "la révision du statut particulier" au lieu de prendre en charge le problème dans sa globalité. "Nous ne sommes pas dupes et nous ne tomberons pas dans ce piège", a asséné le responsable du CLA insistant sur le fait que "la situation est intenable" et que "l'amélioration du pouvoir d'achat s'impose plus que jamais". Avis entièrement partagé par Sadek Dziri qui dit également "ne rien attendre de probant" des rencontres avec le ministère estimant que "la réponse à nos revendications revient aux plus hautes autorités du pays qui doivent réellement prendre au sérieux la détresse des travailleurs de l'éducation". Il reste que les syndicats plus conscients des enjeux disent "trancher la question d'aller ou non au dialogue" au cours de la réunion d'évaluation de la grève qui doit avoir lieu dans les prochains jours.