Les dirigeants de la Cédéao vont se réunir demain autour de ce nouveau coup de force au Mali. Des sanctions pourraient être discutées lors de cette rencontre. Le colonel Assimi Goïta pourrait la contrer en réunissant la classe politique et la société civile dans une tentative de les faire adhérer à sa démarche, qui demeure à préciser. La junte militaire, qui a pris le pouvoir au Mali suite à un putsch en août 2020, a récidivé neuf mois plus tard, se mettant ainsi à dos la communauté internationale, et surtout la France, qui exige que le pouvoir soit remis à un civil élu. Ces militaires ont désigné l'actuel homme fort du pouvoir, Assimi Goïta, à la tête du pays en qualité de président de la transition "jusqu'à nouvel ordre", libéré le président Bah N'Daw et le Premier ministre Moctar Ouane, qu'ils ont fait arrêter lundi, et annoncé qu'ils nommeront un Premier ministre après la démission de ces derniers. Si la libération du président de la transition et de son Premier ministre satisfait la demande du Conseil de sécurité de l'ONU, la junte militaire a fait machine arrière par rapport à l'engagement de remise du pouvoir aux civils au terme de la période de transition, qui s'achève avec l'élection présidentielle initialement prévue le 7 février 2022, conformément à l'exigence du Conseil de sécurité de l'ONU et de la Cédéao, qu'elle se met désormais à dos. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), la France et les Etats-Unis ont brandi la menace de sanctions contre cette prise des pleins pouvoirs par les militaires maliens. La délégation de la Cédéao, dépêchée mardi à Bamako, est repartie et l'organisation devrait tenir prochainement un sommet extraordinaire sur le Mali, a dit un diplomate africain. Les militaires ont relâché vers 1h30 (locales et GMT) le président et le Premier ministre, qu'ils avaient arrêtés lundi dernier, puis forcé à démissionner, car accusés par l'homme fort du pouvoir, le colonel Goïta, d'avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter, alors qu'il est le vice-président en charge des questions de sécurité. Mais, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné à l'unanimité l'éviction du président et du Premier ministre sans toutefois parler de coup de force, ni envisager de mesures coercitives, la France, les Etats-Unis et des organisations africaines, entre autres la Minusma, ont averti qu'ils n'accepteraient pas un fait accompli comme une démission forcée. Les Etats-Unis ont suspendu l'assistance aux forces de sécurité et de défense maliennes, a annoncé le département d'Etat, précisant que Washington étudierait "des mesures ciblées contre les responsables politiques et militaires qui ont entravé la transition civile vers une gouvernance démocratique". En dehors de la Cédéao et de la France, les pays européens sont également prêts à des sanctions, a déclaré mardi le président français, Emmanuel Macron, qui a parlé de "coup d'Etat dans le coup d'Etat". Dans ce sillage, et alors que se multiplient les questionnements au sujet de l'impact de ce énième coup de force sur les engagements pris par l'ancien président de la transition, notamment au sujet du respect des échéances prévues, comme la tenue d'élections début 2022, les militaires, qui ont reçu depuis lundi plusieurs acteurs de la vie politico-sociale, envoient des signes de bonne volonté à l'opposition et à l'opinion internationale à l'effet de s'assurer une certaine paix sociale jusqu'à la fin de la transition. A. R.