Au lendemain de la décision des autorités algériennes de suspendre les importations de la céramique, les céramistes espagnols broient du noir et craignent désormais une perte totale de leurs parts sur le marché algérien. Le journal espagnol El Mundo rapporte dans son édition de samedi que la décision d'arrêt des importations algériennes des produits de la céramique fait craindre aux opérateurs espagnols une perte du marché algérien qui, en 2016, représentait la cinquième destination mondiale de la céramique espagnole. "Nous avons déjà contacté le bureau commercial d'Espagne en Algérie et, pour le moment, il n'y a pas de confirmation officielle. Cependant, compte tenu du contexte et de la situation dans ce pays, il est fort probable que cette décision soit officialisée dans les prochains jours, puisque l'Algérie applique des mesures de sauvegarde (DAPS) depuis 2018", estiment des céramistes espagnols, dont les propos ont été rapportés par El Mundo. Depuis 2017, date de l'entrée en vigueur des premières restrictions des importations en Algérie, les céramistes espagnols ont dû réduire la voilure, coincés entre la baisse des demandes en Espagne et en Europe et les mesures restrictives imposées çà et là sur certains marchés extérieurs, dont l'Algérie. En avril 2017, il s'était agi de quotas quantitatifs à l'importation de la céramique fixés par le gouvernement algérien, engendrant une chute drastique des exportations espagnoles en produits de la céramique à destination de l'Algérie. Une année plus tard, soit en 2018, l'Algérie suspend provisoirement l'importation de la céramique avant d'opter, en 2019, sous la pression des capitales européennes, pour l'introduction d'un droit de sauvegarde provisoire supplémentaire (DAPS), dont le taux appliqué aux importations de la céramique était de 60%. C'est la énième fois que les produits de la céramique font l'objet de restrictions à l'importation ; celle du 16 mai dernier, prise en Conseil des ministres, alimentant l'angoisse de perdre le marché algérien chez les opérateurs espagnols. El Mundo écrit que les exportations espagnoles en produits de la céramique à destination de l'Algérie ont chuté de 63% sur les cinq dernières années. Ces exportations sont passées, en valeur, de 123,4 millions d'euros en 2016 à 48,2 millions d'euros en 2020. Le marché algérien représentait en 2016 la cinquième destination mondiale de la céramique espagnole avant de rétrograder à la quinzième position l'année dernière, écrit El Mundo. Cette perte de parts de marché pour l'Espagne pourrait profiter aux producteurs nationaux qui, eux, ne sont pas non plus en meilleure posture, puisque les opérateurs locaux de la filière disent avoir perdu 60% de leur chiffre d'affaires sous l'effet du choc pandémique et de la crise que subit le secteur du bâtiment. La décision d'interdire l'importation des groupes électrogènes ainsi que le marbre et la céramique dans leur forme finale a été prise en Conseil des ministres du 16 mai dernier. Les céramistes algériens avaient appelé le gouvernement à prendre des mesures de sauvegarde au bénéfice des entreprises algériennes de la céramique frappées de plein fouet par la baisse de l'activité et de la commande publique du secteur du bâtiment.