Dans ses réponses aux préoccupations des députés, exprimées lors du débat général autour du projet de loi portant lutte et prévention contre la corruption, le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, a assuré que le gouvernement ne mène nullement une “campagne mains propres” contre les hauts cadres de l'Etat, mais juste un retour des instances judiciaires à leurs missions originelles. Il a expliqué que durant la décennie noire, l'Etat a consacré tous ses efforts à lutter contre le terrorisme. En parallèle, de grosses affaires de corruption étaient menées en toute impunité. Le membre du gouvernement, qui a été interpellé par les élus de la nation sur la non- quantification de la corruption, a égrené quelques chiffres sur les affaires traitées en 2004. À ce titre, il a révélé que la justice a statué dans 390 procès pour corruption, 1 464 pour détournement de deniers publics, 448 pour dilapidation de deniers publics, 2 287 pour spéculations illégales, 4 196 pour contrebande et 95 514 pour délits liés à la loi sur la concurrence. Il a ensuite défendu mordicus les magistrats, dont il a loué le mérite. “Ils assument leur rôle avec intégrité et transparence et veillent à l'application stricte des lois de la République”, a-t-il soutenu avant de noter qu'il était “inconcevable qu'une personne puisse accuser une autre sans fournir de preuves”. Le garde des sceaux a, par ailleurs, rappelé que le projet de loi du gouvernement contient des dispositions très sévères contre les fausses déclarations de patrimoine ou carrément absence de déclaration après la fin de mission des hauts cadres ou de mandat des élus. Des poursuites judiciaires seront systématiquement engagées contre les contrevenants qui risquent jusqu'à cinq ans de réclusion. Sur le financement occulte des partis politiques, M. Bélaïz a précisé qu'il est du devoir de l'Etat de contrôler ces sources. S. H.