L'organisation des Nations unies a entrepris une nouvelle initiative au sujet du Sahara occidental. La venue d'un envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU coïncide avec un regain de controverse entre les parties “concernées et intéressées”, comme on disait au début du processus onusien qui a échoué avec la démission de James Baker. Aux accusations de torture de manifestants sahraouis s'ajoute la polémique sur la “déportation” d'émigrés africains en territoire sahraoui. L'occasion a permis au président Bouteflika de rappeler que “la question du Sahara occidental doit être résolue dans le cadre des Nations unies, car c'est un problème de décolonisation qui est du ressort exclusif de l'ONU”. Jusqu'à la dernière crise algéro-marocaine, il était alternativement question de “dialogue entre l'Algérie et le Maroc” suggéré par le Maroc et la France à Alger même. L'Algérie rejetait aussitôt ces recommandations successives. Les deux partenaires nord-méditerranéens se sont, depuis, prononcés à nouveau sur le rôle de l'organisation internationale. Mais il faut dire que l'ONU ne s'est montrée ni spécialement efficace ni particulièrement impatiente de résoudre le problème. Cette impuissance politique de la communauté internationale n'a d'égal que le repli européen, notamment celui de l'Espagne et, dans une moindre responsabilité, la France partenaire privilégié du Maghreb. Il semble que ni la communauté internationale, ni l'Europe du Sud, ni l'Espagne ne soient disposées à prendre le risque de s'investir dans quelque solution. Il y a comme un statu quo de ni guerre ni paix. Et de ni indépendance ni annexion. Cette situation n'empêche pas le problème de se manifester en crise chronique entre les deux plus grands pays du Maghreb. Il handicape ainsi toute perspective maghrébine globale. Car aux distorsions socio-économiques maghrébines, qui vont en s'aggravant, s'ajoute l'impossibilité politique d'une entité, invariablement rattrapée par la crise du Sahara, surtout quand elle veut la dépasser. Cette hypothèque qui pèse sur l'Union maghrébine est rapportée dans le cadre du “cinq+ cinq”, et, par la suite, dans le cadre euro-méditerranéen. Le processus de Barcelone fête son dixième anniversaire pratiquement sur place. Bien sûr d'autres entraves contrarient le projet euroméditerranéen qui n'implique pas forcément le Maghreb. Mais la Méditerranée occidentale, qui partait avec des chances évidentes léguées par l'Histoire et confortées par la culture et la géographie, avait vocation à accélérer le processus ; elle le retarde essentiellement du fait d'un problème qu'on s'efforce d'oublier pour ne pas avoir à essayer de le résoudre. On veut ainsi éviter de créer une tension accrue en voulant annihiler une tension “gérable”. N'est-ce pas que le processus de Barcelone commémore son dixième anniversaire sous le thème de la “Paix”. Une paix qui ressemble parfois, entre le Maroc et l'Algérie, à une veillée d'armes. Une non-guerre simplement. Mais un état contre-productif pour l'ambition euro-méditerranéenne. Qui explique peut-être, pour partie, le retard méditerranéen. M. H.